Avec le printemps et ses rayons bienfaiteurs, c'est aussi la série des week-ends intenses sur le front du sport auto qui a débuté. L'info est abondante, trop, d'ailleurs, et elle se résume sur Speed Action à des news parfois laconiques. Et pourtant, cette info, elle est parfois majeure. Samedi dernier, sur le Circuit Paul Ricard, au-delà de l'énième victoire de WRT sur le front du GT World Challenge Europe, c'est au premier succès d'envergure d'Ugo de Wilde qu'on a assisté. Une victoire pas comme les autres, qui valait évidemment quelques lignes supplémentaires...
Quand on pratique le métier de journaliste en sport auto, comme une poignée de scibouillards le fait en Belgique, Ugo, c'est un incontournable. Car son paternel Olivier de Wilde a tout mis en oeuvre pour bien nous faire comprendre qu'il avait enfanté de la graine de champion. Alors, le parcours d'Ugo, on l'a suivi et commenté. Tout en étant conscient que sur la scène de la monoplace internationale, le manque de moyens ne plaidait jamais en sa faveur.
Le jeune Belge est ensuite passé en GT, comme tant d'autres, et là, on s'est dit que ça pouvait le faire. L'ado est devenu un jeune adulte attachant, rapide, qui méritait sa chance. Pour ne rien vous cacher, ses quelques courses au volant d'une Lamborghini Huracan GT3 également pilotée par des gentlemen drivers peu rapides nous ont fait craindre le pire. Ugo de Wilde végétait en seconde partie de classement, ce qui n'augurait rien de bon.
Et puis, il y a eu ce tournant sous forme d'une autre course, les CrowdStrike 24 Hours of Spa 2024, disputées au sein de l'équipe française Saintéloc Racing... "C'est en effet de là que tout est parti, commente Ugo. J'ai réalisé de bonnes qualifications, une bonne course, et Saintéloc m'a proposé d'enchaîner avec le Nürburgring. Où les choses ont de nouveau été positives. On m'a alors proposé de prendre part à un test organisé pour six jeunes pilotes par BMW M Motorsport à Aragon. Et ce test s'est très bien déroulé. Je pensais, dans le meilleur des cas, pouvoir prétendre à un statut de Junior BMW, à la manière de Harper, Hesse ou Verhagen, mais c'est un contrat de pilote pro qui m'a été proposé ! Quelques semaines plus tard, j'apprenais que j'allais disputer l'Endurance Cup du GT World Challenge Europe sur la voiture de pointe de WRT, en compagnie de Kelvin van der Linde et Charles Weerts..."
Une excellente nouvelle... synonyme de pression pour Ugo de Wilde, qui n'avait plus qu'à démontrer que la confiance de BMW M Motorsport était justifiée... "Tout n'a pas été parfait durant le week-end, dès l'instant où je suis un perfectionniste, mais je me suis retrouvé dans un cadre idéal qui m'a enlevé une partie de cette pression. Sincèrement, je ne pouvais rien demander de mieux pour mes débuts comme pilote officiel. Mes équipiers ont été excellents, avec Charles, qui est sous-estimé dans le paddock en raison de son patronyme, mais qui est plus au top que jamais maintenant qu'il n'est plus l'équipier de Dries Vanthoor, et Kelvin, qu'il ne faut plus présenter. Je ne suis pas encore à leur niveau, mais l'important au Paul Ricard était de ne pas commettre d'erreurs et de signer des chronos de qualité. Le résultat, on le connait. Si on m'avait dit, il y a 7 ou 8 mois, que je serais sur la plus haute marche du podium du Paul Ricard sous ces couleurs, je ne l'aurais forcément pas cru..."
Reste désormais à Ugo à encore augmenter son niveau de jeu, ce dont il est totalement conscient : "Avant la prochaine course à Monza, j'aurai l'occasion de doubler le nombre de kilomètres parcourus au volant de la BMW M4 GT3 Evo. Là, je pars d'ailleurs pour Silverstone, afin de tester avec des teams partenaires de la marque allemande. Il me faut désormais beaucoup rouler, prendre part à de nombreuses courses - certaines seront officialisées sous peu -, passer des trains de pneus neufs pour aller chercher les derniers dixièmes qui me séparent des pilotes pros qui ont plus d'expérience. Mon objectif est de m'imposer à terme parmi les meilleurs pilotes de GT au monde, car ce sont ces pilotes du top en GT qui peuvent espérer se retrouver un jour au volant d'une Hypercar..."
Au bout de ce week-end qu'il n'oubliera jamais, Ugo de Wilde entend faire passer un message aux jeunes loups qui se battent et se débattent en espérant des jours meilleurs. "Il ne faut jamais abandonner, ça, c'est sûr ! Quelle que soit la situation, il faut continuer à croire en soi, persévérer, même quand on est dans le dur. La carrière de chaque pilote est faite de hauts et de bas, et à un certain moment, il y a cette opportunité qui se présente et qui peut tout changer, pour autant qu'on soit prêt à la saisir..."
Après ce succès lors du coup d'envoi du GT World Challenge Europe, Ugo de Wilde sera forcément attendu au tournant. Le jeune loup qu'il a été est désormais un gaillard bien dans ses baskets, plus motivé que jamais à enchaîner les résultats, afin de réussir. Qu'il sache que cette première concrétisation majeure, qui en appelle beaucoup d'autres, nous a particulièrement fait plaisir. Elle vient couronner les innombrables efforts d'un entourage qui a cru en sa bonne étoile. Et qui doit désormais souffler de soulagement. Vivement la suite... (Vincent Franssen)