Il l'a fait ! Ce dimanche 24 novembre, alors que les fans belges de rallye s'attendaient à passer une nouvelle nuit longue et stressante, Thierry Neuville a enfin décroché le Graal absolu ! La sortie de route, spectaculaire, d'Ott Tänak dans la première spéciale de l'ultime étape du Rallye du Japon, a permis au Saint-Vithois de concrétiser une longue marche en avant. De façon totalement méritée, et tant pis pour le chauvinisme assumé, Thierry a décroché le titre si convoité de meilleur pilote de rallye de la planète ! Petite par la taille, la Belgique se retrouve au firmament de la discipline, sur le toit du monde. Mesdames, Messieurs, Dames en Heren, meine Damen und Herren, Thierry Neuville et son fidèle copilote Martijn Wydaeghe sont champions du monde des rallyes !
A 36 ans, le meilleur pilote de rallye belge de tous les temps concrétise enfin un incroyable parcours. Le gaillard, c'est en 2007 que chacun a pu faire sa connaissance. Il venait de Saint-Vith, pilotait une Opel Corsa A, parlait assez peu le français et se distinguait lors du B-Short des Crêtes et du Rallye du Luxembourg. Le début d'une ascension météorique. Dans la foulée, il y eu l'aventure de la Ford Fiesta ST dans le cadre du Trophy belge, et l'adoption par le RACB National Team. Au terme d'une réunion lors de laquelle Geoffroy Theunis, qui allait devenir son manager, sonnait à Thierry Neuville pour lui annoncer qu'il allait porter les couleurs de la Belgique ! Le jeune Germanophone avait sans doute apprécié, mais il s'était contenté de quelques mots en français, bredouillés comme il pouvait...
La machine Neuville était lancée. Le Saint-Vithois allait d'abord démontrer sa pointe de vitesse dans le cadre du Citroën Racing Trophy Benelux, au volant de la C2 R2 Max jaune. Le début de la collaboration avec un certain Nicolas Gilsoul. Suivait la Peugeot 207 S2000, et les premières victoires majeures, dans le cadre de l'IRC. Tour de Corse et Sanremo, Neuville déboulait sur la scène internationale.
Dans la foulée de l'IRC, le World Rally Championship lui tendait les bras. En Citroën DS3 WRC en 2012 et en Ford Fiesta RS WRC en 2013. Avec un premier accessit en Sardaigne, en Finlande, en Allemagne et en Australie. Et un premier titre de vice-champion du monde, qui en appelera d'autres.
Il n'en fallait pas plus pour convaincre Hyundai Motorsport de jeter son dévolu sur Neuville. Certes, l'i20 WRC n'était sans doute pas la meilleure dans toutes les conditions de course, mais à son volant, Thierry allait s'imposer comme une valeur incontournable de la scène mondiale. Un pro parmi les pros. Dès 2014, il accrochait une victoire, dans des conditions abracadabrantes, en Allemagne, après un gros crash lors du Shakedown !
Le pilote belge devait néanmoins patienter jusqu'en 2016 pour doubler la mise et s'imposer en Sardaigne. Vice-champion du monde, une deuxième fois. Une saison plus tard, l'or tombait en Corse, en Argentine, en Pologne et en Australie, pour une nouvelle place de dauphin. Suivie d'une quatrième en 2018, après des victoires en Suède, au Portugal et en Sardaigne. Neuville s'imposait également à Ypres au volant de la version R5 de la Hyundai.
Corse, une fois encore, Argentine, Ypres et Catalogne lui valaient un cinquième titre de vice-champion en 2019, avant la victoire au Monte-Carlo, juste avant le Covid, en 2020. La fin d'une époque, celle avec Nicolas Gilsoul dans le baquet de droite, et l'arrivée de Martijn Wydaeghe, qui se chargeait de faire l'unanimité en très peu de temps.
La suite passait par trois fois la troisième place au championnat, après de nouvelles victoires au Monte-Carlo (2021), au Sanremo (2021), à Ypres (2021), en Catalogne (2021), en Grèce (2022), au Japon (2022), en Sardaigne (2023) et au Central European Rally (2023).
On connait l'épisode suivant, qui a débuté par un nouveau succès au Monte-Carlo cette année, un leadership ininterrompu au championnat Pilotes, une nouvelle victoire à l'Acropole, et ce titre tombé à l'entame de l'ultime journée de la finale nipponne...
Cette concrétisation a été à l'image de la carrière de Thierry, jamais cousue de fil blanc, mais faite de persévérance, de jusqu'au-boutisme et d'une foi inébranlable en ses capacités. Les détracteurs ont toujours été là pour tenter de gâcher le tableau, se muant parfois en 'haters', mais jamais sans doute Neuville n'a paru aussi insensible aux critiques que cette année. Il a tracé sa route, et lorsque le turbo a cassé ce vendredi, il a simplement poursuivi sa mission, avec l'espoir de parachever le travail, son travail, en fin de week-end. Son équipier et ultime adversaire Ott Tänak lui a finalement facilité la tâche, et la couronne est tombée en début de nuit ce dimanche.
Elle est le fruit d'un parcours exemplaire, de talent doublé d'une bonne dose de travail. Au fil des ans, le personnage Thierry Neuville a évolué, pour devenir ce gars très bien et très professionnel qui est désormais champion du monde des rallyes. Et qui fait l'unanimité.
A toutes les personnes qui ont cru en lui et qui lui ont permis de sans cesse franchir de nouvelle étapes, mille mercis ! La Belgique est depuis toujours une nation phare du sport auto. En cette fin novembre, elle a plus que jamais confirmé son statut.
La fin de ce Rallye du Japon permettra de savoir qui de Hyundai ou Toyota va décrocher le titre Constructeurs. Important, évidemment, mais pour les fans belges, le principal est déjà acquis...
Thierry, Martijn, la petite Belgique est fière de vous. Vous nous avez fait vibrer, stresser, hurler, festoyer, et en cette nuit de samedi à dimanche, bière et champagne ont forcément coulé. En dépit du décalage horaire. Merci les garçons... et au plaisir de vous saluer et vous féliciter ! Champions du monde ! (Vincent Franssen / Photo RACB National Team, Hyundai Motorsport & D.R.)