A Chimay, les anniversaires approchent : l'an prochain, le circuit fêtera son centenaire et la course de côte, qui emprunte environ les trois quarts du tracé, sa 40e édition. Inauguré en 1926, le circuit chimacien devrait bénéficier, dès 2026, de nouvelles installations qui lui permettra de se redévelopper. Car, actuellement, la course de côte de Chimay (ex-sprint du même nom) est la seule activité de sport automobile moderne officiellement reconnue par les fédérations sportives belges, a y avoir droit de cité !
Une épreuve qui a dû composer, ce week-end, avec des infrastructures... inexistantes puisque les vieux bâtiments ont été détruits récemment. Ce qui n'a pas empêché le MCEBEN (Motor Club Eau Blanche Eau Noire) d'accueillir concurrents, suiveurs et spectateurs comme il sait si bien le faire, obtenant même de Madame la pluie, qui a pu avoir des airs de 'torrent' le samedi soir dans le parc concurrents, d'éviter de se montrer ce dimanche pour ne pas fausser les débats !
Epreuve RACB : La qualité y était !
17 concurrents seulement ont pris part à cette troisième manche nationale (après Eschdorf et le Ry des Glands). La météo, le tracé très typé circuit (et pour cause...), quelques forfaits (dont Jacques Marchal dont le moteur de sa Dallara n'est pas encore complètement réparé) mais aussi la proximité d'une épreuve allemande (Wosfeld) disputée ce lundi, à laquelle plusieurs Belges étaient inscrits, n'ont pas aidé...
A défaut de quantité, la qualité était heureusement présente avec un matériel de belle facture, ravissant le public présent. A commencer par le Nova NP01 de Bruno Cazzoli et la mythique Ralt F3000 de Jean Schmits qui n'ont laissé personne les approcher au scratch et en catégorie 2 (véhicules de compétition). Mais les 30 ans de différence de conception n'ont pas permis non plus à la monoplace d'aller réellement chatouiller le proto, Bruno Cazzoli cueillant un nouveau succès sans reproduire son chrono de l'an passé (1'02"62).
Même si, en fait, le Français Daniel Allais (Tatuus Formula Master, 1er E2SS17) a toujours eu le dessus lors des montées officielles, la dernière marche du podium fut plus indécise grâce à Fabian Simon (Ligier JS49, 1er E2SC20) qui était devant aux essais et y a cru jusqu'au bout mais aussi grâce à Michel De Kerchove (Radical SR8) qui y est allé crescendo pour terminer dans les échappements de la Ligier. Didier Pirlet, 7e, s'est quant à lui imposé en E2SS16, la plus petite classe de cylindrée.
Pas de surprise non plus en catégorie 1 (voitures de production) où un trio de Porsche, de générations différentes, a monopolisé le podium. Avec la 992 GT3 Cup d'un Loïc Cordier (champion en titre) à nouveau victorieux, devant la 997 GT3 Cup d'un Martin Bach qui, après d'autres belles montures (Mitsubishi Evo6, Seat Ibiza Kit-Car...) accède enfin à son rêve et, enfin, Johny Swinkels et sa '911' très spéciale puisque faite d'un mariage d'une coque 996 avec un moteur 'à air' de 993. Question sonorité, c'est elle qui emporte la palme !
Signalons aussi la bonne prestation de Frank Defesche, 4e, au volant de la Scirocco 'paternelle' et regrettons enfin de n'avoir pu voir à l'oeuvre Jean-Louis Deroeck au volant de sa Skoda Fabia 4x4 2 litres turbo 'look S2000' de rallycross, restée dans le parc concurrents. Sa licence française l'empêchait de rouler dans la manche ASAF non Open tandis que l'absence de 'Performance factor FIA' l'a empêché de s'aligner en national...
Enfin, Homère De Peuter (Fisher Fury) s'est facilement imposé à Bart De Saedeleer (AX) et à l'Anglo-Suisse Ian Philip Gibson (et sa fidèle Lotus 51 de Formule Ford datant de 1968 et qu'il possède depuis 1980 !) dans la catégorie 3 des véhicules historiques.
Epreuve ASAF : Launois et Le Nouvel thésaurisent déjà !
Après Mont-Saint-Aubert, Sy et le Ry des Glands, Chimay constituait la quatrième des 12 manches de la saison ASAF des courses de côte. 60 concurrents avaient répondu à l'appel, dont une quinzaine de kartcross qui ont à nouveau bien animé la journée. Surtout que, pour la première fois depuis longtemps, ni Joseph Ferro (champion en titre) ni Anthony Milone (vice-champion en titre) ne sont montés ni sur le podium de la Division 4 (véhicules de compétition) ni sur celui de la classe 4-14 des kartcross, terminant respectivement aux... 5e et 4e places !
"J'ai commis une petite erreur au freinage d'une chicane en attaquant dans la dernière montée pour essayer de conserver ma 3e place provisoire, reconnaissait Anthony Milone, mais l'évolution de Mathias (Launois) est impressionnante et, visiblement, son nouveau moteur fait le job. En plus, Mathias est un excellent finisseur. Idem pour Renaud (Gustin) qui dispose maintenant d'un nouveau châssis MMS, moins connu en Belgique mais visiblement très efficace... comme lui. Et Dimitri (Demy) a super bien roulé lui aussi, il mérite sa 3e place !"
Notons encore que, cette année, Launois est invaincu en 4-14 jusqu'à présent et que cela augure de sacrées passes d'armes dans les prochaines épreuves, comme en témoignait Joaquim Cun, 8e des kartcross : "J'ai perdu du temps en voulant essayer des gommes neuves avant de revenir aux pneus habituels mais qu'est-ce qu'ils vont vite devant..."
Chimay voyait aussi le retour de deux monoplaces Van Diemen. D'abord celle de Julien Vandeput mais avec Damien Herbiet (7e) au volant. Restée 6 ans sans rouler, la voiture a connu quelques problèmes de jeunesse (sic) mais, consolation, le chrono de la dernière montée valait un podium final ! L'autre était celle de Damien Randolet désormais aux mains d'Arnaud Neven et nantie d'une jolie déco JPS en mémoire d'Ayrton Senna. A 40 ans, le rallyman, 17e, a découvert sur place le pilotage d'une monoplace qui a connu des soucis de nez avant et de ratés moteur. Heureusement, tonton Damien veillait au grain !
Notons aussi la participation de Marjolaine Lejeune, 19e, qui a découvert les joies du kartcross alors que, malheureusement, tant Eric Nandrin (proto Jema) que Sébastien Simon (proto Silver Car) ont rapidement été contraints à l'abandon sur problèmes mécaniques.
Du côté des Divisions 123, 'LA' nouveauté était l'apparition, après 24 années passées au volant d'une Escort Cosworth (d'abord l'ex-Jockin puis l'ex-Verhoestraete), d'une nouvelle monture aux mains de Francis Gilles. Une aussi rare qu'originale Mitsubishi Mirage R5 WRT Evo2 provenant d'Autriche et annonçant des chiffres... sérieux : 4x4, moteur 2,2 litres, jusqu'à 740 chevaux et 1040 kilos). Hélas, de petits soucis de freins arrière sont apparus aux essais et Francis, prudent, a préféré en rester là. Ce n'est que partie remise !
Dès lors, les autres hommes forts du début de saison se retrouvaient entre eux : Rémy Noël, vainqueur au Mont-Saint-Aubert ; Christophe Le Nouvel lauréat à Sy et au Ry des Glands mais aussi Olivier Dubois (2e à Wellin), Lucas Clajot (2e à Tournai, 3e à Sy) sans oublier Julien Lupardi (4e à Sy, 3e à Tournai et à Wellin).
Le match Le Nouvel-Dubois a été très intéressant, les deux pilotes étant quasiment à égalité en première montée avant que Christophe se crache dans les mains et améliore par deux fois tandis qu'Olivier peinait un peu à faire mieux. Au final, l'AX grise a devancé la Lotus verte de plus de deux secondes ! Mais c'est pour la troisième marche du podium que la lutte a été la plus intense avec une sacrée surprise puisque Franck Defesche, déjà vu avec une Audi A3, disposait ici de la célèbre VW Scirocco de son paternel Benjamin. Et le digne fils de son père en a fait excellent usage au point de figurer en 3e place générale avant l'ultime montée ! Ce n'est que d'un... dernier coup de rein que Rémy Noël (1er 2-8) l'a finalement précédé de... 3/100es de seconde : "Sur ce circuit, pas facile avec une voiture de rallye face aux 'spéciales côte' de la concurrence. Et cette Scirocco, ça marche. Mais je suis très content de ce podium. Chimay m'est très agréable après mes six (!) tonneaux à Haillot avec ma Citroën C2 R2 !"
Clôturant le top 5, Julien Lupardi n'a concédé que le minimum aux deux précédents mais il ne pouvait pas faire mieux avec sa petite AX 1600. Il s'est consolé avec la victoire en 3-11 mais aussi le meilleur temps du trio - alors en pleine attaque - en dernière montée et en devançant la Fiesta N5 de Lucas Clajot, remonté de la 8e à la 6e place en toute fin de journée.
Au volant d'une Escort RS2000 à mécanique Duratec, Cédric Deshayes, un peu déçu, a terminé au 7e rang, juste devant Claudio Vancheri, très large vainqueur en 2-7 tandis que Pascal Close (sans Ludo parti en week-end et avec une VW Cox qui fume moins!) et Jean Depreter ont clôturé le top 10 juste devant Nicolas Hennequart qui confessait 'avoir mal roulé aujourd'hui'. Tout est relatif !
Nouveau succès de David Wathlet (15e) en 2-6 mais la Civic était sans aucun doute plus adaptée à ce tracé que la 106 de son second, Julien Renauld (17e), ces deux-là entourant Thierry Beguint (16e donc) lauréat en 3-10.
On retiendra aussi la 21e place de Roger Poulet qui a malheureusement bien abîmé sa splendide Lotus Elan au dernier passage et la 34e de Léa Schodduyn, tandis que la victoire en classe 2-5 a fait l'objet d'une âpre bagarre entre quatre concurrents. Déjà très serrés aux entraînements, les écarts le sont restés l'après-midi et si Jérôme Daussogne (30e) s'est montré le plus rapide et a toujours eu l'avantage, il a dû se méfier jusqu'au bout non seulement de l'autre Peugeot 106 de Lenny Ducarme (31e) mais aussi de la Fiat Seicento de Thierry Dumeunier (33e) qui s'est fait souffler d'un rien (1/10e de seconde) la troisième place en fin de journée par la Rover 114 de Vlade Necevski (32e). On sait aussi s'amuser dans les petites classes ! (Vincent Franssen & Comm / Photos SAV)