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Message de deux bavards à Christian Lahaye...

Divers 17-04-2025


 

Quand on a la chance d’avoir fait de sa passion son métier, les journées filent, les semaines déboulent, les mois passent, et rarement nous prenons le temps de relever la tête, de souffler un coup, de ‘se poser’. En exerçant le métier de commentateur, ou ‘speaker’, au niveau international et/ou national, nous passons d’un meeting à l’autre, nous enchaînons les week-ends au micro, nous nous croisons… dans les airs, mais jamais dans le même avion. Bref, tout va vite, trop vite.

 

Si le peu de temps que nous parvenons à sauver est logiquement consacré aux épouses et aux enfants – vos deux serviteurs ont d’ailleurs été volubiles à ce niveau -, nous nous retrouvons parfois (souvent…) à ne plus trouver assez de temps pour des choses importantes… ou des gens importants.

 

En ce début de semaine, un échange de mail entre nous deux a eu l’effet d’une terrible piqure de rappel. Un article de Paris Match nous a permis d’avoir des nouvelles, pas spécialement bonnes, d’ailleurs, de Christian Lahaye. Celui qui fut avant nous le bavard de service à Francorchamps et ailleurs. Et qui, depuis 2010, était pris de tremblements plus ou moins importants, même lorsqu’il se retrouvait au micro. Ces tremblements, nous les avions évidemment remarqués, mais par pudeur, nous avions gardé le silence. Puis un jour, alors que Christian Lahaye avait déserté les cabines de commentateur, et que nous lui avions fièrement succédé, la nouvelle est tombée, se résumant en un mot : Parkinson.

 

Depuis, Christian mène un combat. Celui, très délicat, qui voit un cerveau toujours en forme assister à la déchéance d’un corps. Chutes et fractures diverses, renoncement à la conduite d’une automobile, fin de la vie en autonomie, et séjour prolongé dans une maison de soins. Histoire de limiter les risques. En un mot comme en cent, Christian Lahaye se retrouve au beau milieu de personnes physiquement diminuées. Pas top pour garder le moral et une foi à déplacer les montagnes.

 

L’article de Paris Match illustre parfaitement combien celui qui fut le commentateur emblématique des 24 Heures de Spa et du Grand Prix de Belgique - entre beaucoup d’autres choses – est devenu le passager totalement conscient d’un corps qui s’essouffle et s’écroule. Pour oublier ce quotidien, pour s’offrir quelques bouffées d’oxygène, il y a les Grands Prix de Formule 1 et les courses de MotoGP que Christian regarde sur l’écran de la télévision. Sans les commenter. Juste en appréciant le spectacle, ce spectacle qui fut en fait celui d’une grande partie de sa vie.

 

Cher Christian, ceux qui t’ont succédé t’apportent aujourd’hui une réponse collégiale, façon ‘2 Be 2’ (tu te rappelles sans doute des ‘2 Be 3’, enfin, on espère…). D’abord pour te dire ‘merci’, car dans nos deux carrières tu as, à un moment ou l‘autre, joué un rôle clé en nous faisant confiance. Pour la captation TV ou pour les commentaires lorsque tu étais toi-même promoteur de championnats nationaux majeurs (Procar, BTCS, Fun Cup…).

 

Mais aussi pour te dire combien nous sommes fiers d’avoir marché sur tes pas, d’avoir pris ton aspiration sans toujours avoir ton inspiration, d’avoir perpétué la tradition de ‘ces Belges qui ne se taisent pas une minute, mais qu’on aime écouter’.

 

De tes tirades aux 24 Heures de Spa, nous avons retenu qu’il ne faut jamais oublier de rappeler le nombre de pilotes belges au départ, et que l’humour fait partie intégrante d’un commentaire de qualité. Notre timbre est différent du tien, mais au travers de nos voix, c’est la tienne qui résonne encore dans les haut-parleurs de Francorchamps et d’ailleurs. C’est parce que, quand nous étions ados et sots, nous entendions cette voix, celle de ‘The Voice’ avant le crochet télévisé, et que cette voix, elle nous a inspirés, guidés, aidés à choisir notre voie à nous.

 

Nous n’allons pas te mentir, au cours des prochaines semaines, notre course contre la montre va se poursuivre. On s’en ira où le calendrier nous mènera, pour accomplir cette fantastique mission de raconter l’histoire des courses automobiles, ou l’histoire de la Course avec un grand ‘C’, à des passionnés qui boivent nos paroles comme un de nous deux les verres de vin rouge. On ne dira pas lequel. Mais on se rappelle que toi, c’était plutôt le blanc…

 

Cher Christian, sache que dans chaque commentaire, il y a un peu de ton héritage. De ce que tu nous as appris, de cette école qui fait du speaker un acteur du sport auto… qui reste conscient que les vrais héros, ce sont ceux qui sont derrière le volant ! Cela, les jeunes générations vont avoir du mal à l’assimiler dans cette société où le culte de la personnalité prévaut. De ton temps – pas si lointain, on te rassure -, il n’y avait pas cette frénésie des réseaux sociaux qui pousse à faire tout et n’importe quoi pour montrer sa gueule et laisser entendre sa voix. On t’envie d’ailleurs d’avoir pu mener ta carrière sans subir les attaques en règle d’illettrés avachis dans leur salon.

 

Alors, tu sais quoi, Christian ? Nous allons boire un coup à ta santé, et te faire la promesse qu’un de ces quatre, tu verras débarquer les deux guignols de service dans ta maison de soins, histoire d’immortaliser le passage à témoin entre ta génération et la nôtre. Et cette photo, on la publiera chacun, afin de transmettre un patrimoine dont nous sommes tellement fiers.

 

Il ne te reste plus, cher Christian, à faire preuve d’un peu de patience. Histoire qu’on s’organise entre deux déplacements. Mais promesse est faite.

 

D’ici-là, porte-toi le mieux possible, et surtout, n’hésite pas à troquer la F1 et le MotoGP contre le live streaming des courses SRO et Peter Auto. Plus toutes les autres. Tu verras, au beau milieu de toutes les bêtises qu’on débite, il y a de temps en temps une once de bon sens.

 

A très vite,

 

Vincent Franssen & Thomas Bastin    



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