C'est à deux pas de la frontière française, quelques kilomètres à l'ouest de Chimay, qu'a eu lieu le week-end dernier la septième et ultime manche du championnat ASAF-FWB des rallyes B-Short. Au départ de Momignies, en empruntant les spéciales de Beauwelz (show) et Mâcon sur les traces du défunt - et renommé - Escort Rally Special : "La philosophie était de conserver la date, les autorisations et de pérenniser un évènement moteur ouvert à tout le monde et à toutes les voitures, expliquait Christophe Jacob, toujours actif du côté de l'organisation. Mais l'an passé, pour la première édition, nous n'avions accueilli que 81 voitures, soit pas mieux que les 'Escort' des dernières éditions. Cette année, le succès a été au rendez-vous puisqu'on dénombrait 129 inscrits et que pas moins de 117 d'entre eux ont finalement disputé l'épreuve, dont près d'une vingtaine d'équipages étrangers. Une réussite. Nous sommes contents !"
Sur un parcours pratiquement inchangé - "seule la place de Mâcon était parcourue à l'envers de l'an passé" - les débats ont été animés dans toutes les catégories, notamment dans la Division 4 des voitures de grosse cylindrée et/ou équipées de pneus racing. Où quatre équipages ont monopolisé les avant-postes au volant de véhicules très différents : les Irlandais Edward (père) et Christopher (fils) O'Callaghan opposaient ainsi deux Ford Escort RS à mécanique KGP 2,5 litres à la Skoda Fabia R5 du Français Jean-Noël Tournay et à la Porsche 997 GT3 de Xavier Bayard.
Venu pour s'imposer au général, Christopher O'Callaghan a mené les débats plus de deux boucles durant mais a été contraint à l'abandon dans la troisième, pont cassé, alors qu'il comptait plus de 40 secondes d'avance. Une véritable démonstration !
C'est au même moment que Xavier Bayard a fourni son effort, signant deux meilleurs temps pour prendre la tête... et ne plus la quitter jusqu'à l'arrivée, malgré les averses tombées en fin d'épreuve : "Il m'avait déjà impressionné l'an passé pour sa découverte de la Porsche et l'un de ses tout premiers rallyes, expliquait Laurent Léonard, propriétaire de la belle allemande, Xavier a signé trois des quatre derniers temps scratch dont l'ultime sous l'averse avec des pneus slick retaillés en catastrophe. Et ça a marché ! Il faut dire qu'il s'est nettement illustré en kartcross précédemment. La glisse, il connaît !"
Une dernière spéciale qui a coûté cher à Edward O'Callaghan, le paternel, qui était bien parti pour venger le fiston mais il y a perdu plus d'une minute et la deuxième place finale au profit de Jean-Noël Tournay.
Classé 4e, Dorian Bouvart a assuré la jonction entre leaders et peloton au sein duquel les performances ont été le fait de Michaël Nuée, 7e et 1er 4/13 au volant de sa Renault Clio Rally3, mais plus encore Olivier Delattre, le père, 8e et 1er 4/12 avec sa 'petite' Peugeot 106 S16, 10 petites secondes derrière le précédent, au terme d'une lutte avec Olivier Delattre, le fils, qui s'est regrettablement interrompue à mi-épreuve (problème de boîte sur la Fiesta R2) alors que le duo se tenait en quelques secondes ! A noter aussi que le retrait prématuré de Rémy Noël (problème mécanique dès l'ES3 sur sa Citroën DS3) l'a empêché de signer un quatrième résultat qui lui aurait valu la couronne 2025, tombée dans l'escarcelle de Loris Nuyts, pas présent ce dimanche.
Gallet prophète
Plus qu'à domicile, Vincent Gallet faisait une nouvelle fois figure de grand favori dans le classement des Divisions 1-2-3 où les deux roues motrices doivent chausser des pneus de tourisme. Avec sa Peugeot 306 et Guy Burniat à droite, le trio signait tous les meilleurs temps à l'exception d'un à l'actif de l'excellent Cédric Maroit (Peugeot 106) sous la pluie de la dernière boucle. Longtemps installé à une solide deuxième place, Steve Rousselet devait malheureusement ranger son Opel Astra suite à un souci de démarreur. Une position que prendra Brice Duménil et sa Renault Clio Ragnotti 1600cc. Sur ce parcours rapide, la performance du Français était belle puisqu'il précédait les performantes montures de Peter Vanderhauwaert (joli podium au général avec l'Opel Manta) ou encore les lionnes de Patrick Delchambre (205) et Sébastien Hiernaux (306). Très régulier dès le début de course, Sébastien occupait le top 5 à quelques secondes de Patrick. Quant au fils de ce dernier, Jérémy, des soucis de commande de boîte le contraignaient à un passage par le Super Rally tout en lui permettant de signer un joli deuxième temps dans la dernière spéciale. Du côté des autres malchanceux, on rangeait également les rapides abandons de Julien Delleuse (boîte sur l'Opel Corsa) ou encore de Cédric Maroit (mécanique).
Munaro d'un point face à Habran pour le titre 2025 en Divisions 1-2-3
Sans trop s'en rendre compte, une autre course dans la course se jouait. Pour le championnat FWB dont Momignies constituait donc la dernière manche de la saison. En terminant sixième, Simon Habran (106) pensait prendre de nouveaux points importants, d'autant plus qu'il finissait 5 secondes devant Alban Munaro (306). Mais, finalement, c'est pour un petit point que le pilote de Walcourt était sacré face au licencié luxembourgeois : "Simon a également fait une très belle saison mais l'annulation du B-Short des Éoliennes a joué en ma faveur, puisqu'un résultat en moins était repris au championnat. Pour nous, ce titre est un bonus mais il fait bien plaisir. Nous découvrions cette belle épreuve donc notre rythme est resté modéré, d'autant plus avec des soucis d'essuie-glace dans la dernière boucle."
A quelques secondes, Fransly Deflorenne suivait avec sa Clio devant un autre vainqueur de classe, Joël Callens. Avec sa Peugeot 206, ce dernier remontait sous la pluie pour aller chercher la victoire dans une 2-6 bien disputée. Dans le top 10, on saluait encore la belle prestation de Hervé Nicolas avec sa Toyota Corolla GT. Treizièmes du général, Mathéo Dinjart et sa Suzuki Swift surprenaient encore une fois dans la classe 8 face aux 205 des références Guillaume Menier ou encore Louis-François Van Kessel. En 2-5 également, Florian Freyman impressionnait lui aussi avec sa VW Polo face à la monture similaire de Benoit Raskin. Quant à Jean Bastin et sa Renault Twingo R1, ils étaient également en mesure d'ennuyer les VW sans deux minutes perdues durant la journée. Enfin, les Swift continuaient à briller également en Division 2 où celle d'Olivier Gillard s'imposait dans la classe 4 devant Alisson Henrot (106), première dame au volant à une belle 27ème place sur les 36 classés et 54 partants.
Festival Escort en Prov'Historic
Près de trente voitures composaient la division Prov'Historic, riche de nombreuses... Escort bien sûr ! Dans la catégorie Classic (véhicules respectant les homologations d'époque), il n'y en a eu que pour elles, la version MK1 du Suisse Florian Gonon battant le fer avec les versions MK2 de Geoffrey Watremez et de Christophe Jacob. Les 5 secondes séparant le trio au premier regroup témoignant de l'âpreté de la lutte. Si le rapide Helvète poursuivait ensuite sa moisson de temps scratch, Watremez était contraint à l'abandon (courroie de distribution) alors que Jacob tentait, en vain, de résister : "Je ne sais pas par où il passe, rigolait-il, ajoutant : Ou, peut-être, a-t-il un rapport de pont différent... Je l'avais battu au Salamandre mais, ici c'était impossible. J'ai tout essayé... sauf dans la dernière où j'ai assuré le show sur la place de Mâcon. De toute façon, les carottes étaient cuites..."
A distance respectable et au volant de sa BMW 323i, Bernard Léonard s'est offert la 3e marche du podium, et la victoire en CL19 au terme d'une belle bagarre avec David Hallet qui n'a lâché un peu de lest que dans les deux ultimes chronos, non sans remporter la CL17 avec sa VW Golf. Mais, au-delà de l'épreuve, c'est le titre 2025 qui se jouait entre eux, les positions étant inversées puisque le pilote de la traction a conservé... un point d'avance au final sur le pilote BMW !
Dans la catégorie S/R (véhicules hors homologations et/ou trop jeunes), il s'est également agi d'un festival Escort, emmené par trois équipages irlandais parmi lesquels ont essayé de s'immiscer certains de nos compatriotes. Déjà vainqueur l'an passé, Cathal Mulcaire a réédité la performance, s'octroyant sept des huit meilleurs temps de la journée pour terminer avec près de quatre minutes d'avance sur la concurrence. Son plus grand fait d'arme réside toutefois dans le fait que son Escort n'était pas animée par un 16 soupapes mais par un bien plus classique Pinto 8 soupapes parfaitement entouré (injection, palettes au volant...) !
Si Tim Freeman s'est montré le deuxième meilleur performer, il a malheureusement laissé trois minutes dans l'antépénultième spéciale. Et malgré son forcing final, il n'a pu reprendre le dessus sur Declan Wilmott qui lui a finalement subtilisé le premier accessit pour sept secondes. Rageant !
Tout aussi regrettable furent les problèmes rencontrés par Cédric Deshayes, parfaitement dans le ton puisque pointant au troisième rang durant la première moitié de l'épreuve avant de perdre cinq minutes dans l'ES4 puis de devoir renoncer en fin d'épreuve alors que Claude Debue n'est pas passé loin du podium, occupant même un moment (boucle 3) la deuxième place au volant de son Opel Ascona, avant de finalement concéder 13 secondes à Freeman...
On notera encore la 6e place de Hazel O'Callaghan, la mère, qui pilotait elle aussi, et avec un certain brio, une de ces Escort complètement ensorcelées, tandis que Benoît Coulon, 7e, s'est adjugé la petite classe (CL21) au volant de son Opel Corsa GSi, juste devant le pilote germanophone Nikolaus Felten qui a décroché, pour sa part, le titre à bord d'une originale et devenue très rare Mitsubishi Colt ! (Vincent Franssen & Comm ASAF / Photos DJK Rally Photo Jordan)