Voilà, un Monte-Carlo de tous les diables s'est clôturé de manière exceptionnelle dans le col du Turini, avec une Power Stage juste magique au cours de laquelle certains avaient de bonnes raisons de ne pas prendre tous les risques, compte tenu des conditions d'adhérence plus que précaires. A commencer par Sébastien Ogier (Ford), qui a hérité de la première place au classement général hier après la petite erreur de Thierry Neuville (Hyundai), et qui s'est abstenu de la perdre, surtout dans ce dernier tronçon relevant davantage de la survie. En dépit d'un 11ème temps à 1'56" de Neuville, le Français a remporté une 39ème victoire absolue, sa 5ème sur le Monte-Carlo. Ogier permet à la structure - privée, on le rappelle - de Malcolm Wilson de renouer avec le succès, ce qui est plus que mérité. En espérant que cette brillante entrée en matière réveille quelque peu les dirigeants de Ford, pour aboutir à une implication officielle de la marque à l'ovale...
D'autant que lors de la dernière spéciale, l'autre grand bonhomme a été ce sacré Ott Tänak (Ford), que, avouons-le, nous apprécions beaucoup. Avec un moteur tournant sur 3 cylindres (et non pas 2 comme indiqué et annoncé ce matin...), l'Estonien est parvenu à résister à la remontée de Dani Sordo (Hyundai), s'offrant quelques passages en force sur une route enneigée, pour sauver son podium... et nous refaire quelques larmes dont il est désormais coutumier. On se réjouit de voir le gaillard remporter sa première victoire...
Avec une médaille d'argent pour un Jari-Matti Latvala qui n'a pas commis la moindre erreur, Toyota est l'autre grand vainqueur du Monte-Carlo. Certes, la Yaris WRC n'est pas encore en mesure de finir dans la même minute que le vainqueur, mais la moisson de points d'emblée réalisée par le constructeur nippon est de nature à rassurer tout le staff de Tommi Mäkinen sur le potentiel de l'équipe. Et comme Juho Hänninen a lui aussi montré de jolies choses, surtout en début d'épreuve, voilà qui est prometteur. Le large sourire de Latvala lors de l'interview de fin de Power Stage faisait assurément plaisir à voir...
Dans le clan Citroën, on a soufflé le froid, le froid, et tout de même un peu de chaud ce week-end. Difficile de juger le niveau de performance de la C3 WRC sur un Monte-Carlo qui reste spécifique, mais les chronos de Stéphane Lefebvre, en 'inspiration pneumatique' ce dimanche, ont permis de relativiser la déception née des ennuis et de l'abandon de Kris Meeke ce samedi en fin de journée. Que dire alors de la prestation de Craig Breen, 5ème du classement général, qui a tout simplement fait ce qu'on attendait de lui au volant d'une DS 3 WRC 2016, moins puissante...
Mention spéciale également à Elfyn Evans, dont la Ford Fiesta WRC M-Sport chaussée de pneus Dmack a marqué les esprits, ce que ne reflète pas la 6ème place finale. Le Gallois a signé 3 scratches ce samedi, et il semble avoir beaucoup gagné en maturité...
On vous parle par ailleurs de Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul, impeccables d'aisance durant la majeure partie du week-end, vainqueurs moraux de ce Monte-Carlo, dont on retiendra qu'ils ont surtout démontré le potentiel de la Hyundai i20 Coupé WRC. Plus que prometteur pour la suite...
Enfin, en WRC 2, Andreas Mikkelsen a tout simplement prouvé... qu'il n'a rien à faire à ce niveau de compétition, et que sa place est clairement dans une WRC 2017 officielle, ou assimilée. Au volant d'une Skoda Fabia R5 qui reste la référence de la catégorie, le Norvégien s'est baladé, terminant 7ème du classement général et devançant Jan Kopecky (Skoda) de... 3'25"4 ! Tout est dit. Bryan Bouffier (Ford) a résisté jusqu'au bout à la remontée de Pontus Tidemand (Skoda) après la crevaison du Suédois hier (7"0 d'écart entre les deux à l'arrivée), mais dans l'ensemble, les Fabia R5 ont tout pris.
Rideau sur le Monte-Carlo 2017, qui nous aura fait vibrer durant sa majeure partie. Le coup est passé près pour Neuville et Gilsoul, mais ce n'est que partie remise. Quelle grande et belle épreuve hivernale, en tout cas... (Vincent Franssen)
WRC 2017 / Rallye de Monte-Carlo / Classement final
1. Ogier-Ingrassia (Ford), 4h00'03"6
2. Latvala-Anttila (Toyota), à 2'15"0
3. Tänak-Jarveoja (Ford), à 2'57"8
4. Sordo-Marti (Hyundai), à 3'35"8
5. Breen-Martin (DS), à 3'47"8
6. Evans-Barritt (Ford), à 6'45"0
7. Mikkelsen-Jaeger (Skoda), à 9'32"7
8. Kopecky-Dresler (Skoda), à 12'58"1
9. Lefebvre-Moreau (Citroën), à 14'43"8
10. Bouffier-Giraudet (Ford), à 16'09"4
15. Neuville-Gilsoul (Hyundai), à 30'52"5