Préparée en une poignée de semaines seulement, la première édition du Spa Rally, épreuve voulue par la Ville de Spa pour se sauver la face après le départ des Legend Boucles, a battu son plein ces vendredi et samedi. Maintenant que l'excitation du moment est retombée, l'heure est au bilan pour l'organisateur DG Sport. Qu'il convient avant tout de féliciter pour avoir osé... même si bien des choses peuvent être améliorées en vue du futur. Rappelons que Christian Jupsin et les siens ont signé un contrat de quatre ans avec les autorités de la ville d'eaux.
Si sur les spéciales, les choses se sont plutôt bien passées, en dépit de l'un ou l'autre accident inévitable sur ce genre de parcours, au coeur de Spa, ça n'a pas réellement été l'affluence des grands jours jeudi, vendredi comme samedi. Un peu comme si le public avait boudé le centre du rallye, avec un grand chapiteau qui ne s'est jamais vraiment rempli. A revoir, mais Rome ne s'est pas fait en un jour...
Plus embêtants étaient les commentaires entendus ça et là dans les rangs des équipages. On attendra la réaction du Directeur de Course Robert Vandevorst avant d'émettre un avis définitif, mais il est évident que certaines décisions n'ont pas fait l'unanimité. Une histoire qui a débuté par des pénalités pour reconnaissances illicites, et qui s'est poursuivie par le retrait volontaire de concurrents tels que Chris Van Woensel (Mitsubishi Lancer WRC05), et Stephan Hermann (Fiat Punto). Dans un courrier adressé aux organisateurs, David Bonjean (Subaru Impreza WRC S12) a résumé l'état d'esprit de certains parmi les pilotes privés... "Je peux comprendre l’influence donnée aujourd’hui au championnat par les constructeurs et importateurs. Je peux comprendre la volonté affichée de mettre en évidence certains types de voitures et pilotes, explique le propriétaire de la superbe Subaru. Mais les dispositions 'à la belge' prises doivent respecter l’éthique du sport et une certaine déontologie. Vendredi, j'ai été outré de voir certaines décisions prises. Soi-disant 'reconnaissance illicite' pour la Clémentine. Comme TOUS les pilotes, j’ai démarré ma reconnaissance depuis le début de la spéciale. Non pas pour frauder mais simplement pour constater la modification du tracé qui avait été décidée. J’ai commencé cette reconnaissance en suivant deux jeunes pilotes soutenus par le RACB... Comme par hasard, je n’ai vu aucun de ces noms sanctionnés. Comme par hasard, moi, en WRC , je l'ai été.. . (...) Dans la partie boisée de la Clémentine, je suis passé une seule fois. Sur le tronçon, j’ai été dépassé par une quinzaine de concurrents, à vitesse de course pour certains. J’imagine qu’ils y étaient aussi pour leur prise de notes ! Certains ont été attrapés, mais aucune sanction publiée…. Quand je vois les abandons volontaires de pilotes comme Chris Van Woensel ou Stephan Hermann, connus pour être parmi les 'rares' corrects, cela confirme mon opinion de ne plus revenir. (...) Les règles doivent rester les mêmes pour tout le monde. Je n’ai pas été impressionné par le nombre de spectateurs au bord des routes. Les gens n’avaient-ils pas envie de venir voir passer quatre R5 le samedi ? Le plateau est-il nouveau ou plus étoffé qu’auparavant ? Les gens veulent voir du sport et de belles voitures. (...) J’adapterai donc mon programme, mais je ne reviendrai pas faire le clown en championnat de Belgique, sauf si un organisateur intègre me donne les garanties suffisantes quant au respect de l’éthique du sport." Notez que nous avons volontairement retiré les commentaires de David Bonjean dirigés contre l'une ou l'autre personne en particulier, chacun ayant de toutes manières reçu le courrier.
Même déception dans la voix d'un Chris Van Woensel pourtant guère habitué à se plaindre. Qui revient dans son communiqué officiel sur les circonstances de la pénalité de 3 minutes avant même le départ... "Le finish de Fays Show était situé sur un petit pont, et nous avions l'intention de terminer en force, explique Chris. Mais lorsque nous sommes allés à Spa, nous avons remarqué qu'il y avait une grosse botte de paille à cet endroit. Ce qui changeait la donne et nous a incités à aller voir comment cela se présentait. Nous avons parcouru prudemment cette dernière portion, avant d'être arrêtés par la Police qui nous a demandé nos papiers. Il est clair qu'à ce moment, les reconnaissances étaient interdites. Mais chacun sait que les heures et les jours qui ont précédé, bien des concurrents ont effectivement reconnu, parfois à allure élevée. Je suis totalement contre ces reconnaissances illicites, mais dans notre cas, le but était simplement de comprendre comment cela se présentait."
Van Woensel prenait le départ malgré les 3 minutes de pénalité, et s'il a finalement mis pied à terre, c'est en raison des temps forfaitaires infligés dans les ES4, ES6 et ES7. "Pieter Tsjoen est sorti, et nous avons hérité d'un temps forfaitaire 37 secondes plus lent que le scratch. Alors que lors de la première boucle, nous avions signé le 2ème meilleur temps dans cette spéciale. Même chose dans la Clémentine, avec Lejeune sortant de la route, l'impossibilité de disputer la spéciale et un temps forfaitaire 1'04" plus lent que Loix ! En deux spéciales, on a donc perdu 1'41" sans même rouler ! Un peu comme si l'organisateur préférait qu'on rentre à la maison. Samedi matin, sortie de Pacolet, et nouveau temps forfaitaire, une minute plus lent que Loix. Si on ajoute la pénalité de 3 minutes, ça m'a décidé à remettre l'auto sur la remorque et m'en aller. Je ne comprends définitivement pas pourquoi nous sommes obligés de partir derrière les Juniors. Nous étions 6èmes du général vendredi soir, et samedi, on devait malgré tout repartir derrière plusieurs R2. Avec le risque que la spéciale soit neutralisée. Non, perdre autant de temps en raison de la non-compréhension de la Direction de Course, je ne peux pas accepter..." On remarquera que dans le cas de Van Woensel, ce sont les règles du BRC quant à l'ordre de départ sur les spéciales qui montrent déjà leurs limites. Nous laissons par ailleurs le pilote seul responsable de ses propos.
Ce qui nous amène aux cas de Vincent Verschueren (Citroën DS3 R5) et Timothy Van Parijs (Porsche 997 GT3), mis hors-course samedi après-midi pour avoir loupé un CH. "Mais ce CH n’avait aucun sens, clame Verschueren dans son communiqué officiel, Il était installé sur une place où de nombreuses voitures étaient garées, et il était donc quasi invisible. C’était un piège digne d’un jeu de piste ! Dans les rallyes modernes, il apparaît inopportun de placer un CH – par ailleurs invisible – entre l’arrivée d’une spéciale et le contrôle de départ de la suivante. Celui qui a imaginé ce genre de ruse ferait mieux de se concentrer sur l’organisation de randonnées historiques plutôt que de s’occuper de rallye moderne… Au décompte final, cet incident a ruiné nos chances de signer un beau résultat. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à avoir connu des soucis avec ce CH : Bernd Casier a dû effectuer un détour pour le trouver, Freddy Loix a souligné qu’il ne l’a vu que grâce à la présence de la voiture '0' arrêtée à cet endroit, Tim Van Parijs a - comme moi - raté le contrôle, et plusieurs autres concurrents ont eu la chance d’être guidés par des spectateurs. Freddy a même pris sur lui de contacter la Direction de Course pour plaider notre cause et signaler le problème posé par ce CH, mais sa démarche est restée vaine. J’en suis malade parce que cet épisode malheureux a de sérieuses conséquences sur mes chances dans la course au titre…"
Attendons maintenant une réaction officielle de l'organisateur DG Sport, histoire de donner la parole à tout le monde. Même si on entend déjà poindre les critiques concernant notre tendance à critiquer tout ce qui concerne le Spa Rally. Speed Action TV.be a pourtant proposé ce week-end une couverture plus que correcte de l'événement, non sans réaliser un long résumé de l'épreuve diffusée sur la télévision locale Télévesdre. Aucune volonté de sabotage, donc, bien au contraire, mais le souhait de laisser la parole aux acteurs, qui ont aussi leur mot à dire... DG Sport communiquera d'ailleurs ce mardi après-midi au sujet de ces différents événements, afin de donner sa version des faits, que nous ne manquerons pas de vous livrer in extenso. (Vincent Franssen)