En 2023, il existe toujours des villages ouverts au sport automobile. Richelle en est un bel exemple, qui, chaque début de mois de septembre, accueille la colonie du championnat ASAF-FWB des courses de côte. Et le mot accueil n’est pas usurpé quand on voit le nombre de riverains qui ont noué des liens d’amitié avec certains concurrents, leur permettant de se garer devant (ou) chez eux, d’utiliser de l’électricité et, surtout, de s’enquérir des résultats de leur(s) pilotes(s) favori(s). Une proximité qui assure à l’épreuve une ambiance à nulle autre pareille ! D’autant qu’on ne s’est pas ennuyé sportivement parlant avec un plateau de qualité réunissant 88 participants et que le soleil fut omniprésent !
En Division 4 (voitures de sport), la victoire ne semblait pas pouvoir échapper, sur papier, à Jacques Marchal (6 succès entre 2013 et 2022) ou Didier Boemer (3 succès de 2018 à 2020). Mais si le second nommé avait ressorti sa Dallara F394 comme à chacune de ses participations ASAF, le premier alignait pour la première fois le proto Silver Car S2 Evo ex-Adrien Marchal !
Ayant mis les essais à profit pour trouver une trajectoire en sortie d’épingle optimisant la motricité (un peu défaillante) de sa F3, Boemer n’a ensuite laissé le soin à personne de dominer les deux premières montées officielles pour s’assurer un quatrième succès.
En face, si la découverte du Silver Car s’est avérée globalement positive pour celui qui détient les deux meilleurs temps jamais réalisés à Richelle (1'04"13 en 2015 sur l’ancien tracé et 54"90 en 2021 sur le tracé actuel), elle a tout de même été contrariée par des rapports trop courts dans un premier temps, puis de petits soucis liés à l’électronique de rétrogradage des vitesses pour se solder par une 6ème place finale et la victoire en 4-15.
Entre les deux se sont engouffrés les kings du kart-cross, très à l’aise sur ce parcours tourmenté et nombreux à avoir fait le déplacement. Car, à nouveau, ils n’étaient pas moins de 24 pilotes de kart-cross à disputer une véritable course (dans la classe 4-14) dans la course remportée par Joseph Ferro, invaincu depuis bien longtemps, mais qui reconnaissait que "ça a été chaud aujourd’hui. On est tous dans la même seconde !"
"Joseph est très fort, c’est vrai, mais les écarts s’amenuisent. On se rapproche !, analysait Anthony Milone, son dauphin au terme d’une bagarre de tous les instants face à Mathias Launois, défait pour 9/100èmes de seconde seulement ! Un Marchinois de 31 ans qui multiplie les accessits pour sa première saison et pointe actuellement à la… deuxième place du championnat D4 !
On notera encore la sortie de route de Joaquim Cun qui a bien abîmé son kart-cross et le retrait volontaire du Namurois Christian Jacobs - pour ne pas rater Houyet ce prochain week-end - après avoir failli l’imiter !
Constat identique dans les Divisions 1, 2 et 3 (voitures de tourisme) avec, en théorie, une victoire qui ne devait pas échapper à Francis Gilles (plus de 10 succès au compteur dont 9 entre 2013 et 2022 !) ou Christophe Le Nouvel (lauréat en 2020) voire Olivier Dubois, leader provisoire du championnat, ou encore Patrick Clajot, cette fois lui-même au volant de la très performante Mitsubishi Evo8 ex-Bodson. Mais seul Le Nouvel s’est montré à l’aise, poursuivant victorieusement la découverte de sa nouvelle caisse pendant que la famille Dubois constatait que sa Lotus Elise n’était pas adaptée à l’endroit ; que Clajot, qui a décidé de refaire la Porsche GT3 après la sortie de Laroche, y allait progressivement avec l’Evo8, et que Gilles se montrait insatisfait de ses pneus et de son pilotage. Mais le jusqu’au-boutisme de celui-ci a payé, puisqu’il a pu se reconcentrer pour se montrer le plus rapide lors de la dernière montée et décrocher ainsi, in extremis, le premier accessit final aux dépens d’un Julien Lupardi très philosophe : "C’est vrai qu’après avoir été 2ème toute la journée, j’aurais aimé le rester jusqu’au bout et assurer ainsi un doublé Citroën AX. Mais un podium absolu, c’est déjà bien. Et puis, je n’étais pas maître du jeu vu que ma voiture est quand même bien moins développée que les autres voitures de pointe !"
Classé 3ème et 1er en 3-11, il a toutefois résisté à un Olivier Dubois qui a finalement bien sauvé les meubles. Le top 5 est complété par Yves Deffet dont la Citroën DS3 (victorieuse en 2-8) a pris la mesure, en toute fin de journée également, de la belle VW Golf GTI série 1 d’un Arnaud Delhoune aussi performant que régulier.
C’est un florilège de véhicules qui complète le top 10, avec les voitures de rallycross d’Andreas Geebelen (6ème) et Colla Schrooten (10ème), la propulsion d’Anthony Mayné (7ème) et l’intégrale de Dan Dierckx (8ème) tandis que Maurice Fafra, l’un des aînés du jour, s’est offert une belle 11ème place avec sa VW Golf série 1 devant les deux Honda Civic (de générations différentes) de Quentin Barthelemy et David Wathelet, respectivement vainqueur en 2-7 et en 2-6.
Les autres victoires de classe sont revenues à Sanne Schrooten, première dame, 20ème et lauréate en 3-10 toujours au volant de la célèbre Citroën 2CV familiale, à François Maigray, classé 26ème et premier en 2-5 et, enfin, à Laurent Morbois, 33ème et leader en 3-9.
Citons encore l’exceptionnelle régularité de Philippe Hellings, qui a aligné trois chronos identiques à 11/100èmes de seconde près, et une série assez importante d’abandons, dont les sorties de route de Ludo de Vocht (la 206 Maxi est sérieusement touchée) et de Jacques Blavier (la Golf est bien moins abîmée) et les retraits mécaniques de Didier Lejeune ou Johan Darand notamment.
Un mot aussi de l’annexe Histo-Démo (qui n’est pas chronométrée) qui a connu un beau succès avec pas moins de 17 participants parmi lesquels on a eu le plaisir de revoir, 11 ans après, Didier Van der Veken au volant, désormais, d’une splendide Opel Manta A 2,4l au look Transeurop, mais aussi deux véhicules trop rares en côte, la Mazda MX-5 d’André Leruth et la Mercedes SLK de Joël Brasseur.
Enfin, lors de la remise des prix, l’écurie Baudouin Visétoise a annoncé l’organisation d’un rallye d’orientation le 2 décembre prochain en l’honneur du regretté Tony Kevers - qui, de là où il est a certainement regardé l’épreuve avec beaucoup d’intérêt - dont la moitié des bénéfices sera reversée à la lutte contre le cancer. Un premier pas avant un événement plus ambitieux qui devrait voir le jour l’an prochain. Un bel hommage ! (Vincent Franssen / Photos Rupteur Mag)