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Pierre Delettre : "La Clémentine, ça nous coûte un porte-avions..."

Rally 16-02-2011


 

Ce jeudi, les Legend Boucles de Spa 2011 prendront leur envol de manière officielle, avec les différentes opérations de contrôle technique, mais aussi la séance de dédicaces entre 18h30 et 19h30, à quelle participeront toutes les stars, et dieu sait si elles sont nombreuses.

 

A moins de 24 heures de cette première échéance, l'occasion était belle de faire le point avec Pierre Delettre, organisateur de la manifestation. Et on peut vous assurer que gérer un succès telles que celui des Boucles, c'est tout sauf aisé...

 

"Ce succès la combinaison de plusieurs facteurs, explique Delettre. Je pense surtout qu’on a eu une bonne idée à la base en 2006 et qu’elle s’est développée grâce à une équipe passionnée et compétente. L’affiche est exceptionnelle et cela fait boule de neige. Cela attire le public et les autres pilotes. Le concept, savant compromis entre la régularité et la vitesse, participe à la réussite. S’il n’y avait que les Classic à 50 km/h, on aurait cent voitures mais pas de spectateurs ni de media. Les pilotes, qu’ils soient champions d’hier, d’aujourd’hui ou de demain aiment célébrer le rallye relax, juste pour le plaisir, sans tension ni enjeux. Les propulsions d’il y a vingt-cinq ou trente ans offrent plus de spectacle, elles ont un look et sont nettement moins chères. Aujourd’hui, vous louez une Stratos pour le prix d’une C2. Et pour finir, je dirais qu’il y a le nom. Les Boucles de Spa qui en sont à leur 53ème édition font partie de la légende des rallyes belges et européens."
 
En 2006, vous aviez relancé un rallye bon enfant. Aujourd’hui c’est redevenu une grosse machine…
 
"Notre budget d’organisation dépasse les 500.000 euros. Jamais, même à l’époque du moderne, cela n’a été aussi cher à organiser."
 
Comment expliquez-vous cette inflation ?
 
"Le nombre record de concurrents, les systèmes de chronométrage modernes et surtout la sécurité de plus en plus accrue. Même à Ypres et au Condroz, on ne déploie pas autant de moyens. Rien que pour Clémentine, on a dû engager 30 Stewards, six maîtres-chiens et dix policiers pour canaliser le public. En plus des commissaires habituels. Cela fait 150 personnes pour une seule RT. Le montant de la facture est salé."
 
Est-ce dès lors toujours rentable ?
 
"Le bilan sur le total des cinq premières éditions est toujours négatif. Car chaque fois que l’on pourrait faire une économie, on réinvestit. Inviter autant de vedettes, leur trouver des autos, les loger, les déplacer, les nourrir, ça coûte pas mal d’argent. Certaines personnes qui nous aidaient jadis ne le font plus. Les services gratuits sont devenus payants. Tout le monde fait nos comptes à notre place et nous massacre au niveau des prix."
 
L’esprit fun du début est-il encore respecté ?
 
"On est sur la ligne rouge. Tout le monde se prend au jeu. C’est l’escalade et nous essayons de réagir pour enrayer ce phénomène. Les reconnaissances restent un vrai problème. Malgré l’autorisation de deux passages le vendredi, plusieurs concurrents continuent à tricher en reconnaissant le parcours à l’avance. C’est pitoyable pour une épreuve Historic fun ne comptant pour rien. Cette année, on a interdit les pneus racing terre pour déjà limiter les coûts. Et l’an prochain, on envisage d’imposer à tout le monde de rouler avec un seul type de pneus neige. Même s’il fait sec ! On a aussi décidé d’handicaper les autos non authentiques, ne respectant pas l’esprit d’époque. Mais on ne peut pas empêcher certains teams de dépenser de l’argent, d’effectuer des séances d’essais et de louer leurs autos de plus en plus cher. Il est clair qu’aujourd’hui il est plus important pour un sponsor de gagner Spa en Historic que l'Haspengouw une semaine plus tard."
 
Comment voyez-vous votre épreuve évoluer ?
 
"Elle va encore se développer durant deux ans puis se maintenir cinq années avant de glisser. On vit sur l’âge d’or des années 70-80. Mais que se passera-t-il quand les Waldegard, Blomqvist, Vatanen, Snijers et Droogmans ne seront plus là ? Lorsqu’il faudra compter uniquement sur la génération des pilotes des années 2000, on sera mal."
 
C’est pour cela que vous lancerez en 2012 des Boucles pour les véhicules à énergie alternative ?
 
"Au début, cela profitera à l’Historic. Il y a pas mal d’intérêt des constructeurs et cela ne mettra pas dix ans à se développer. C’est plus porteur d’être un précurseur qu’un copieur. D’ailleurs, tous ceux qui ont essayé de copier les Boucles n’ont pas rencontré notre succès."
 
La Clémentine est notre Turini à nous. Peut-on imaginer à l’avenir des Boucles sans cette étape forestière ?
 
"Willy Lux et moi, on s’apprête à vivre sans. Cela ne devient plus possible. Les exigences pour encore passer dans cette forêt deviennent trop importantes. Cela nous coûte un porte-avion. Et on n’est même pas certains que malgré tous les moyens humains déployés, la RT pourra avoir lieu même cette année. S’il y a 10 feux ou du public mal placé ne respectant pas les consignes, les concurrents passeront en neutralisé. On perdra peut-être quelques concurrents si on ne la fait plus, mais on en gagnera d’autres qui ne viennent pas car ils ont trop peur d’abîmer leur belle auto sur la terre. Quant au public, il sera certes déçu mais il viendra encore."
 
Quel est votre principal souhait pour l’épreuve du week-end ?
 
"Qu’il n’y ait pas d’accident et que le public soit discipliné pour que l’on ne tue pas la Clémentine. Je me suis engagé auprès du Prlement. Il en va de mon honneur et de ma crédibilité. Je serais très déçu et fâché de devoir annuler. Et si cela devrait être le cas, ce serait l’arrêt de mort de la plus belle spéciale de Belgique. Pour le reste, j’espère qu’il y aura un peu de neige ou de glace par endroits,mais pas trop pour ne pas paralyser le rallye." (Vincent Franssen & Com)


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