D'accord, il ne faut pas tout confondre, et contrairement à l'affaire du Rallye de Hannut, il n'est pas question ici de zèle administratif en pleine année électorale. Quoique. Organisatrice du Rallye de Trois-Ponts et du Rallye-Sprint Jean-Marie Wey, l'asbl Racing Cars Organisation a décidé de retirer ses épreuves du calendrier ASAF 2012.
L'origine du problème remonte à l'édition 2009 du Rallye de Trois-Ponts, au cours de laquelle un spectateur situé sur un talus a glissé, s'est offert un plat ventral, le tout au moment précis où un concurrent arrivait ! Ce dernier a donné un coup de volant pour éviter ce spectateur, ce qui a provoqué une grosse sortie de route, et accessoirement la perte totale du véhicule. Dont la valeur est de... 4000 euros. Ce n'était donc ni une WRC, ni une S2000, vous l'avez compris...
De mauvaises surprises en désillusions
Plus de peur que de mal, les assurances respectives du spectateur et du pilote prenant les choses en main. Enfin, pas tout à fait... Deux années plus tard, l'organisateur était traîné devant les tribunaux pour défaut de prévention et mise en place de la sécurité ! Etonnant quand on sait que le plan sécurité de l'épreuve avait été approuvé par la Commission Rallye, que l'ASAF avait inspecté le parcours avant et pendant l'épreuve, que les autorités communales avaient fait de même, et que la compagnie d'assurance avait rejoint tout ce beau monde pour donner le feu vert. En d'autres termes, que valent les rapports de ces différentes entités ? Rien du tout. Et pan !
Et l'abandon de recours signé par le concurrent et censé mettre l'organisation à l'abri ? Balayé d'un revers de main par la justice ! Pire, le concurrent a décidé d'attaquer l'organisateur au civil, afin de récupérer la valeur de sa voiture, et d'éventuelles compensations pour les frais médicaux (l'équipage s'en est tiré avec quelques contusions...). Pas top...
L'assurance... de payer !
Pas de quoi néanmoins démoraliser l'organisateur, qui décide, en toute logique, de faire marcher l'assurance couvrant l'épreuve, et le représentant en justice. Et là, la douche froide, puisque cette assurance se déclare incompétante pour une affaire relevant du tribunal civil !
En un mot comme en cent, Racing Cars Organisation a endossé le rôle du parfait cocu, le responsable de l'asbl se retrouvant dès lors à la merci d'un verdict du tribunal civil. Et à l'heure qu'il est, la clarté sur cette affaire n'est pas de mise, et l'organisateur ne sait toujours pas s'il devra payer, et surtout combien.
Il n'en fallait pas plus pour qu'il décide d'en rester là avec les organisations réservées aux voitures modernes, ce qu'on peut parfaitement comprendre. Par contre, Racing Cars Organisation maintient ses évènements FBVA (voitures anciennes), moins contraignantes. Du moins, pour l'instant.
Autant savoir
Qu'on ne s'y trompe pas, l'organisateur n'en veut à personne, et surtout pas aux fédérations (la CSAP Liège et son Président Jacques Ravet l'ont soutenu dans ses démarches...), mais face au risque de devoir payer, le club en question a décidé de faire un pas de côté. Imaginez la scène si le spectateur, le pilote, le copilote ou un autre spectateur avait été sévèrement touché, ou tué, dans l'accident...
Que retenir de cette triste histoire ? Qu'aucun organisateur de rallye n'est à l'abri, et que visiblement, les mesures prises par les organisations pour se protéger (abandon de recours, autorisations, assurances, etc.) ont tendance à vous péter à la g... dès l'instant où un incident prend des proportions inattendues.
Rappelons tout de même que dans le cas qui nous occupe, il n'y a pas eu de blessures graves, juste une caisse à 4000 euros jetée à la poubelle. On ne peut d'ailleurs que "féliciter" au passage le pilote concerné pour son acharnement à récupérer les quelques billets perdus dans l'accident. A notre humble avis, il a dû oublier qu'il participait de son plein gré à un rallye. A moins qu'il ne soit passé par hasard dans une spéciale fermée et sécurisée, avec un numéro sur la portière, à la recherche d'une boulangerie...
Cette nouvelle affaire est hélas à ajouter à une collection qui devient impressionnante, et qui va finir par dégoûter la majorité des organisateurs. Affaire à suivre, bien sûr, mais qui donc a réellement envie de se retrouver au tribunal civil en raison d'un spectateur maladroit qui a provoqué une sortie de route n'ayant pas occasionné de blessures graves, et d'un pilote visiblement prêt à emmerder la terre entière des années durant pour récupérer le prix d'un bout de ferraille ?
Excellente saison à tous et toutes... (Vincent Franssen)