N'en déplaise aux puristes, on ne conservera pas un grand souvenir de cette édition 2018 des 24 Heures du Mans. Les LMP1 non-hybrides n'ayant nullement constitué une réelle menace, Toyota s'est offert un test sur la distance, avec pour seul objectif de boucler deux tours d'horloge sans problème. Les neutralisations et soucis mineurs se sont chargées de déterminer les noms des lauréats, la TS050 Hybrid #8 de Fernando Alonso, Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima réalisant le break sur la #7 de Mike Conway, Jose Maria Lopez et Kamui Kobayashi, qui évitait de peu la panne sèche dans la partie finale de la course, de quoi la laisser à deux tours des vainqueurs. Toyota entre donc dans l'histoire, et très vite, on oubliera que cette victoire n'a pas été celle du rêve. Quant à Fernando Alonso, il remporte une deuxième couronne majeure, étape supplémentaire vers la Triple Crown. Reste à gagner Indy 500, ce que l'Espagnol est en mesure de faire, on le sait, et ce qu'il tentera plus que probablement avec McLaren dans un futur proche.
Si, comme on pouvait s'y attendre, les BR1 et autres Ginetta n'ont fait que passer, une déroute illustrée par la casse moteur de Jenson Button à une heure de l'arrivée, les Rebellion R13 étaient les 'Best of the Rest', avec une 3ème et une 4ème places, à respectivement 12 et 13 tours de la Toyota lauréate. Autant dire que les bolides suisses n'ont jamais pu faire illusion, se tenant en embuscade, au cas où. La #3 de Thomas Laurent, Mathias Beche et Gustavo Menezes a pris le meilleur sur la #1 d'André Lotterer, Neel Jani et Bruno Senna, et on imagine assez mal Rebellion Racing pouvoir vaincre Toyota, même sur 6 heures de course.
Traditionnellement très disputée, la catégorie LMP2 a cette fois été marquée du sceau de la seule équipe G-Drive Racing, l'Oreca 07 #26 d'un Jean-Eric Vergne à qui tout semble réussir, Roman Rusinov et Andrea Pizzitola s'imposant avec deux tours de bon sur l'Alpine A470 (née Oreca 07) #36 de Nicolas Lapierre, Pierre Thiriet et Andre Negrao. C'est l'équipe Graff de Jean-Philippe Grand qui complète le podium, avec une autre Oreca domptée par Vincent Capillaire, Jonathan Hirschi et Tristan Gommendy... quand bien même l'Oreca TDS Racing #28 de François Perrodo, Matthieu Vaxivière et Loïc Duval a terminé sur ses talons, échouant à 2"5 du podium, ce qui constitue certainement le résultat de toutes les frustrations... C'est au 5ème rang que l'on retrouve la meilleure Ligier JS P217, la #32 United Autosports de Juan Pablo Montoya, Hugo de Sadeleer et Will Owen.
Si quelques passes d'armes spectaculaires ont pu donner l'illusion d'un duel entre Porsche et Ford en GTE Pro, la marque allemande a en fait bien dominé les débats, s'offrant un retentissant doublé au Mans l'année de son 70ème anniversaire. Comme quoi, le destin fait bien les choses... Laurens Vanthoor et ses équipiers Kévin Estre et Michael Christensen ont offert la victoire au 'Pink Pig', ce qui fait donc un pilote belge de plus au palmarès du Mans. La #91 de Gianmaria Bruni, Fred Makowiecki et Richard Lietz a assuré le doublé à un tour, conservant le meilleur sur les Ford GT #68 (Dirk Müller, Joey Hand et Sébastien Bourdais) et #67 (Andy Priaulx, Harry Tincknell et Tony Kanaan), qui ont tout donné. Top 5 pour une Corvette C7.R (Magnussen-Garcia-Rockenfeller) jamais dans le coup pour la gagne, pas plus que les Ferrari 488, BMW M8 et Aston Martin Vantage. Course à oublier d'ailleurs pour Maxime Martin au volant de la #97.
Enfin, Porsche remporte aussi la victoire en GTE Am après la longue domination de la 911 RSR Dempsey Proton Racing #77 de Julien Andlauer, Christian Ried et Matt Campbell, qui a conservé le meilleur sur la Ferrari 488 Spirit of Race #54 de Giancarlo Fisichella, Francesco Castallecci et Thomas Flohr, le podium étant complété par la Ferrari Keating Motorsport #85 de Jeroen Bleekemolen, Ben Keating et Luca Stolz.
Rideau sur le millésime 2018 du Mans, en attendant... 2020 et l'avènement d'un nouveau règlement qui, espérons-le, ramènera la part de rêve dont nous avons été privés cette année, et dont nous serons sans doute tout aussi privés en 2019. (Vincent Franssen / Photos Letihon.be - C. Delfosse)