Alors que les grues poursuivent leur inlassable ballet sur un Circuit de Spa-Francorchamps aux allures d’immense chantier ou de zone de guerre, les regards se tournent de nouveau vers le Raidillon. Comme annoncé dans un article du Soir publié samedi dernier sous la plume de Dominique Dricot, le virage le plus célèbre du monde va plus que probablement faire l’objet de modifications dans un futur proche. La raison ? Une demande – non rendue publique – de la FIA visant – apparemment – à réduire de 10% la vitesse de passage des F1 à cet endroit.
Ce qui devrait entraîner de nouveaux travaux, en plus de ceux déjà en cours, qui visent à augmenter la surface des zones de dégagement, afin de répondre à d’autres demandes venant à la fois de la FIA et de la FIM. Car autant appeler un chat un chat, mettre notre circuit national aux plus hautes normes de sécurité auto et moto n’est pas une mince affaire. Il arrive en effet que les requêtes des uns n’aillent pas nécessairement dans le même sens que les demandes des autres. Pas simple…
Du côté du Circuit, on s’en tient à un commentaire officiel qui ne fait pas mention de cette requête de la FIA de réduire la vitesse de passage des F1 de 10%. "Comme chaque année, on travaille de concert avec les instances compétentes sur la sécurité du circuit en fin de saison, en fonction du déroulement de celle-ci, commente Séverine Cirlande, attachée de presse. Des travaux en piste sont déjà prévus en fonction de la double homologation (FIA & FIM). En haut à gauche et en haut à droite du Raidillon pour augmenter les dégagements et donc la sécurité, en plus de l’installation de barrières de type Tecpro. Ces travaux sont en cours. Il n’y a rien de plus à dire sur le sujet."
Soit. Ce qui est certain, c’est qu’aucun chantier visant à modifier la courbure du Raidillon n’a été entamé. Or, on sait qu’au cœur de l’Ardenne, l’hiver peut être long et rude, et que modifier le tracé d’une telle courbe ne se fait pas d’un coup de cuiller à pot. Il faut analyser (ce qui est plus que probablement en cours), ébaucher, implémenter, tester, valider, etc.
Si certains sont d’avis de ne surtout pas toucher au sacro-saint Raidillon, qui a pour eux valeur de Saint Graal, nous pensons qu’une certaine raison doit l’emporter… mais surtout que ce virage doit redevenir un virage. Et donc ne plus passer à fond. Ce qui permettra d’éviter les empilements façon ‘W Series’, résultant d’une attaque permanente et innocente, dès l’instant où on sait que ‘ça passe’.
Comme nous avons eu l’occasion d’en discuter avec des personnalités comme Thierry Boutsen, Eric van de Poele, Marc Duez, Willy Braillard et bien d’autres lors du récent Rotary Day, il est urgent que Francorchamps retrouve le challenge qu’a longtemps constitué ce Raidillon. En modifiant – et prononçant – sa courbe, afin d’obliger les pilotes à monter sur les freins. Le retour de bacs à gravier fera le reste. Les pilotes précités sont tous de cet avis.
L’un des soucis à résoudre, c’est qu’en accentuant la courbe du Raidillon dès son entame, on va mordre dans la zone de dégagement à gauche… ce qui n’arrange pas la FIM et les motos ! On vous le disait, rien n’est simple.
On reste donc dans l’expectative, surveillant l’évolution du chantier, afin de tenter de comprendre dans quelle mesure la ‘problématique Raidillon’ pourra être résolue. En prévision des prochaines années, dès l’instant où on peut prédire sans risque de se tromper que les performances des bolides vont encore s’améliorer par la grâce d’ingénieurs et de matériaux ne cessant de repousser les limites.
Même si Francorchamps est une piste à l’esprit ‘old school’, le Raidillon doit clairement vivre avec son temps. Et les empilements à très haute vitesse, comme celui encore vécu aux 24 Heures de Spa l’été dernier, doivent au plus vite appartenir au passé. Des crashes, il y en aura toujours, sur deux comme sur quatre roues, le destin s’en mêlera parfois, mais en agissant afin que ‘Raidillon’ ne rime plus avec ‘à fond’, on évitera bien des palabres, et sans doute des drames.
Pour le reste, le légendaire virage fera toujours causer. Comme toutes les histoires de courbes, en fait… (Vincent Franssen / Photo Letihon.be)