Le Mans, c’est dix jours de folie, entre la journée tests et les séances d’entrainements, il faut meubler les moments creux. Petit tour d’horizon des différentes activités. A l’instar de Saint Saturnin et son 'British Welcome' qui fait figure de précurseur, les villages proches du circuit organisent des rassemblements de véhicules anciens et mettent sur pieds diverses animations. C’est le cas de Moncé-en-Belin (cité voisine d’Arnage), avec le lundi après-midi 'Moncé en Vroom' qui met à l’honneur les femmes pilotes. La Mancelle Anny-Charlotte Verney fait partie de la distribution. Originaire d’une vieille famille de notables sarthois, Anny-Charlotte a été bercée très jeune par les bruits de moteurs. Son père, accessoirement constructeur d’autocars, était un grand passionné d’automobiles. Dès sa plus tendre enfance, cette jeune fille intrépide en diable a décidé qu’elle serait un jour pilote de course !
Souhait exaucé ! Anny affiche le plus grand nombre de participations aux 24 Heures (10) pour une concurrente féminine. En 1975, elle fait équipe avec la Belge Yvette Fontaine sur une Porsche 911. On retrouve ensuite cette charmante dame aux côtés du touchant acteur, Jean-Louis Trintignant, au volant d’une impressionnante Porsche 935 (1980). C’est avec une pointe d’amertume qu’elle nous parle de cette édition : "Au début de son relai, Jean-Louis percute les rails au beau milieu de la ligne droite des Hunaudières. A l’époque, nous atteignons à cet endroit la vitesse de 340 km/h… Je pense qu’il a eu la frousse de sa vie ! La voiture rejoint les stands dans un piteux état, les efforts acharnés des mécaniciens me permettent de reprendre la piste, pour finalement abandonner quelques tours plus tard. Ce que Trintignant ignorait, c’est qu’à un endroit de la ligne droite, un violent vent latéral faisait dévier la voiture. Nous le savions, une petite correction du volant permettait de garder la voiture en ligne."
Deux autres Amazones de la vitesse sont présentes, la jeune pilote de Formule Renault Alexandra Hervé et Dany Dieudonné, la femme la plus rapide de France, ancienne pilote de dragster. Une soixantaine de voitures anciennes rejoignent le site en compagnie de la vénérable 'Mancelle' de Léon Bollée, datée de 1878. Les enfants participent à une course de voitures à pédales et assistent à une démonstration de voitures télécommandées.
Mardi, c’est au tour du village de Ruaudin (commune où se trouve la fameuse ligne droite des Hunaudières) avec 'Les R’Hunaudières'. Cet événement a été créé en 2015 et ne cesse de prendre de l’ampleur. En 2022, on a enregistré plus de 5000 visiteurs. Cette année fêtera les 50 ans de la victoire d’Henri Pescarolo et Gérard Larousse sur Matra. Les organisateurs ont invité les deux pilotes, mais aussi Guy Prat, ancien mécanicien de la marque de Romorantin, qui est le parrain de cette édition.
Jeudi, nous aurons droit à 'Arnage dans la course'. A noter que le virage d’Arnage est le seul endroit qui n’a pas changé depuis l’édition inaugurale des 24 Heures. On attend 80 véhicules sportifs et d’exception.
Pour la journée de vendredi, il faudra se couper en quatre, avec respectivement le 'British Welcome' de Saint Saturnin, le Virage de Mulsanne, La Chartre sur le Loir, écrin du délicieux Hôtel de France et le mythique 'Garage des légendes' de Teloché (Garage Georges Desprès). C’est dans cette modeste officine que l’usine Porsche prenait ses quartiers, entre 1951 et 1981. Ces hôtes constituaient l’attraction du village. A l’époque, les voitures de course dormaient au bord du 8 de la rue de Mai, à même le trottoir. Enfants et adultes ne perdaient pas une miette des faits et gestes des mécaniciens. Les pilotes assistaient aux travaux et faisaient part de leurs remarques. Ils s’adonnaient ensuite à une distribution d’autographes. Ils avaient pour nom Jacky Ickx, Derek Bell, Jo Siffert, Richard Attwood, Edgard Barth et consorts. Autre époque ! Un pilote natif de ce village sera mis à l’honneur. Jude Robin à en effet pris part à l’édition de 1923 sur une Rolland Pilain. Deux modèles de cette marque seront exposés. On notera aussi la présence de plusieurs descendants de ce vénérable pionnier.
Toutes ces initiatives prouvent l’attachement et la fierté des Sarthois pour leur mythique épreuve. Ici, la passion est intergénérationnelle, une sorte d’ADN propre à cette région de France, qui vibre depuis un siècle aux exploits des champions. (Christophe A. Gaascht)