C'est une histoire comme on les aime, qui met en exergue des passionnés, à commencer par l'ex-pilote Bernard Carlier, et qui rend à une marque bien de chez nous, Méan, une place digne au panthéon de l'automobile belge. Méan, c'est le bébé du Liégeois Jacques D'Heur, un passionné de châssis et de carrosseries en polyester, qui, entre 1964 et 1974, a réalisé un rêve un peu fou : construire ses propres automobiles ! Il y en a eu plus de... 600 ! Dont un seul exemplaire d'un proto de type barquette apparu à la fin des années '60, et piloté par un certain Bernard Carlier, représentant officiel de la marque en compétition ! Selon une légende urbaine, cette barquette aurait pris la direction de l'Australie, où sa trace a été perdue...
Les décennies ont défilé, Jacques D'Heur s'en est allé, et Bernard Carlier a voulu laisser une trace en se faisant plaisir. Il a tout d'abord acquis la marque Méan, que les ayants droit du fondateur n'avaient plus l'intention d'exploiter, pour ensuite se lancer dans la construction de la Méan Revival, sur base de... six photographies d'époque du petit prototype en question.
Le savoir-faire des uns et des autres, dont l'ingénieur autodidacte Michel Cardon et la société Design Stone de Libramont-Chevigny, le génie des designers d'iDCas, qui ont travaillé par le passé pour Renault Sport, et l'enthousiasme débordant de Bernard Carlier, même lorsque le destin lui a enlever son épouse il y a peu, ont abouti à la création de cette Méan Revival, basée sur un châssis de monoplace, propulsée d'une mécanique de Renault Clio Williams 2 litres, et coiffée d'une carrosserie reproduisant fidèlement le proto d'antan !
Le résultat final a été présenté ce jeudi soir dans les infrastructures de SPA Racing, à Stavelot, devant un parterre de parents, d'amis et de passionnés. Cette Méan Revival n'est nullement un exemplaire unique, puisque quatre voitures ont déjà été construites. L'une d'elles a d'ailleurs été acquise par un certain... Paul Kumpen !
Cette Méan Revival, on la verra sous peu en piste, sur le Circuit Jules Tacheny de Mettet, et dans le cadre de compétitions acceptant les répliques de bolides d'antan. Bernard Carlier, qui a conservé un redoutable coup de volant, a d'ailleurs la ferme intention de la piloter lui-même.
Là où certains éditent des livres ou organisent des expositions, Monsieur Carlier a décidé de singulièrement se compliquer l'existence... en marchant sur les traces de Jacques D'Heur et en construisant une automobile. Qu'il en soit chaleureusement félicité. Ah oui, les premiers exemplaires de cette Revival arborent les couleurs suivantes : jaune, rouge et noir. CQFD. (Vincent Franssen / Photos Michel Chevalier)