Les dés sont jetés. Max Verstappen a remporté ce dimanche le Grand Prix d’Abu Dhabi et un premier titre de champion du monde de F1 au terme d’un dernier tour qui restera assurément dans l’histoire. Que l’on soit fan du Hollandais Volant ou de Lewis Hamilton, qui n’a rien à se reprocher au terme de la course, une chose est sûre : la F1 a géré son scénario jusqu’au bout…
En début de semaine, Speed Action vous proposait sa vision de la F1 actuelle. Un grand show, avec des acteurs portés au rang de stars mondiales, et surtout un scénario parfaitement ficelé. Exactement ce que le Grand Prix d’Abu Dhabi a proposé cet après-midi. Dix fois, cent fois, on s’est dit que Mercedes avait toutes les cartes en main après le départ de rêve d’Hamilton et la résistance dont il a fait preuve face à une nouvelle attaque aussi hâtive que virile dans le chef de son adversaire.
Abracadabra !
Certes, côté stratégie, Mercedes n’a pas pris tous les risques. Et c’est sur la distance que cela pouvait coûter cher à la marque allemande. Encore fallait-il que le grand scénariste de la F1 puisse sortir quelques rebondissements de son chapeau. Et il l’a fait ! On ne pouvait sans doute pas prévoir le crash de Latifi, on pouvait par contre craindre que le nettoyage de la piste prenne un peu de temps. Et lorsqu’il est apparu qu’un dernier tour allait pouvoir être disputé, Michael Masi a pris ‘LA’ décision de la saison, en demandant aux pilotes doublés intercalés entre Hamilton et Verstappen de s’écarter. Et là, d’un coup d’un seul, la stratégie sans cesse remise en question de Red Bull s’est avérée démoniaque, et celle de Mercedes, trop conservatrice, lui a ‘pété à la tronche’.
Le reste relève clairement de la fin spectaculaire et inattendue d’une série à suspense, avec les cris de Max Verstappen, fou de joie, les larmes de Lewis Hamilton, qui n’a sans doute pas tout compris, la mise en exergue des pères des deux pilotes, omniprésents à l’image, les accolades et poignées de mains entre Max et Lewis d’une part, Christian Horner et ce même Lewis, ou encore entre Jos Verstappen et Anthony Hamilton. Sans oublier les mots échangés entre les clans Red Bull/Mercedes et la direction de course, dont tout le monde peut profiter, qui illustrent combien le jeu d’influence est énorme lors d’une épreuve, tout aussi énorme que l’enjeu, en fait…
Alors oui, la F1 peut être satisfaite de son travail… Quel que soit le champion, encore fallait-il que le spectacle soit à la hauteur. Et là, tout le monde a été servi. Il est évident que la décision de Michael Masi de permettre à Verstappen de repartir dans le sillage d’Hamilton a été énorme de conséquence, mais elle fait partie des ingrédients d’un scénario qui ne fait que confirmer que la discipline reine du sport auto est avant tout devenu un grand spectacle entre les mains de Liberty. Un show à l’américaine, quel que soit le degré de lecture.
Bon pour le sport auto... n'en déplaise aux puristes
Et cela, on ne peut que s’en réjouir. Car ce dimanche, outre Max Verstappen et plus accessoirement Mercedes chez les Constructeurs, c’est le sport auto qui a encore boosté son image dans le monde entier. En ces temps où l’automobile est trop souvent pointée du doigt, où la compétition n’a plus la cote auprès de certains, savoir que l’issue d’un championnat du monde de F1 maîtrisé avec savoir-faire pas ses grands manitous va faire causer de longues heures durant tous les médias du monde a un côté jouissif. Les adeptes du ‘tout à vélo’ en sont pour leurs frais…
Au-delà de ce constat réjouissant, autant ne pas se tromper et nier l’évidence : la F1 a vécu en 2021 l’une de ses plus belles saisons depuis la création du championnat du monde. L’affrontement entre Verstappen et Hamilton, Red Bull et Mercedes, Christian Horner et Toto Wolff, a été d’une incroyable intensité, digne des plus belles batailles des décennies précédentes. Et tout s’est joué dans le dernier tour de la dernière course, par un ultime rebondissement venant rappeler qu’en 2021, dans une société qui a appris à ne jamais s’arrêter de causer, tout est possible. CQFD, une fois encore…
Bravo Max Verstappen. Bravo Lewis Hamilton. Bravo Liberty. Les puristes du sport auto trouveront forcément à y redire, mais une fois encore, leur avis a bien peu de poids face à la masse… (Vincent Franssen / Photos Fred Vautier)