Pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de découvrir cet événement d’exception, rappelons que le Goodwood Revival est un festival de trois jours qui se tient depuis 21 ans dans le West Sussex, sur le circuit de Goodwood. Celui-ci et ses équipements ont été restaurés à l’identique, jusque dans les moindres détails, tel qu’ils étaient dans leur période initiale, entre 1948 et 1966. Pour que l’illusion soit parfaite, aucun véhicules moderne n’est autorisé dans le périmètre du circuit et, dans leur grande majorité, les spectateurs jouent le jeu en s’habillant d’époque. Ils deviennent ainsi acteurs d’un fabuleux et très stylé voyage dans le temps.
Chaque année, les organisateurs concoctent un programme exceptionnel d’hommages et de célébrations. Pour cette édition 2019, pas moins de quatre thèmes majeurs ont été développés, donnant lieu à de splendides parades : le soixantième anniversaire de la Mini dans une ambiance très Swinging Sixties, un hommage à John Cooper, le 90ème anniversaire de Sir Stirling Moss, ainsi qu’un défilé de véhicules militaires en souvenir du D-Day !
Du sport
Les courses organisées autour de cette ancienne base de la RAF sont principalement dédiées aux voitures et motos entre 1935 et 1966. De nombreuses catégories sont au programme : voitures de Grand-Prix, Formule Junior, Sport, tourisme, Racers 500 et même, pour les enfants, une course en deux manches d’Austin J40 à pédales, avec commentaires enflammés et remises de prix, comme pour les grands. De quoi inoculer le virus aux plus jeunes… et à leurs mamans !
Chaque voiture participante a été soigneusement sélectionnée par un comité d’experts. Elles sont toutes, sans exception, d’une haute qualité de présentation et de préparation.
Parfois même en allant au-delà de l’esprit d’origine, ce qui a donné lieu à quelques disqualification d’après course, cette année, principalement dans de St Mary’s Trophy.
Des acteurs
Sur ce circuit rapide et technique, le niveau de pilotage est réellement très élevé, donnant lieu à de mémorables empoignades. Outre les spécialistes habituels des courses historiques, cet événement attire bien sûr de nombreuses et prestigieuses 'vieilles gloires' qui nous prouvent que le pilotage, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ! Citons par exemple Derek Bell, venu en voisin, Richard Attwood, Tiff Needell, Jochen Mass, Henri Pescarolo, Stuart Graham, Emanuele Pirro, Nicolas Minassian, Tom Kristensen, ou encore Karl Wendlinger pour ne parler que les plus connus. Avec une mention toute spéciale pour Dario Franchitti qui reprenait pour la première fois le volant en course depuis son terrible accident de 2013 en IndyCar.
Les motards ne sont pas en reste avec des gars de la trempe de Dani Pedrosa, Troy Corser ou John McGuinness (23 victoires au TT quand même !) qui viennent encore relever un niveau pourtant déjà de haute tenue.
Tout ce beau monde se prêtant volontiers aux photos et demandes d’autographes, pour le plus grand plaisir d’un public passionné et connaisseur.
Fait remarquable, ces dernières années, de nombreux pilotes plus jeunes, encore en activité, abandonnent pour un week-end leurs bolides bourré d’électronique pour s’immerger dans ce grand théâtre historique et découvrent avec délectation le plaisir de conduire tout en glisse des voitures ayant trop de puissance pour leur tenue de route ! Parmi ces stars, nous avons croisé Neel Jani, Karun Chandhok, Benoît Tréluyer, Marcel Fässler, Romain Dumas ou encore André Lotterer. Ce sang neuf hausse encore le niveau du spectacle proposé
Des Belges
Le dernier cité nous a d’ailleurs prouvé qu’il n’était pas là pour amuser le terrain. Associé à Christopher Wilson, il a signé une superbe victoire dans la fameuse RAC TT Celebration en maîtrisant tout en finesse les ruades de sa Shelby Cobra 289 de 1963. Du grand art et une petite fierté nationale pour tous les Belges présents ! Dans cette prestigieuse endurance d’une heure, il précède, sur le podium, les paires Romain Dumas / Bill Shepherd et Benoît Tréluyer / Frederic Wakeman. De sérieux clients.
André n’a d’ailleurs pas ménagé sa peine, ce week-end, en participant également au Kinrara Trophy, où une crevaison sur sa Ferrari 250 GT SWB de 1962 le prive d’une très belle performance, et au St Mary’s Trophy dans lequel il signe une bonne 7ème place au volant d’une Ford Zodiac MkII de 1959.
Parmi les autres pilotes belges présents, soulignons l’excellente 6ème place de Vincent Gaye dans le Kinrara Trophy au volant de sa superbe Ferrari 250 GT SWB qui, associé à Joe Twyman, signe là sa plus belle performance à Goodwood. Dans la même course et sur une voiture identique Pierre-Alain Thibaut et Christian Dumolin terminent 16èmes.
Enfin, Mark Valvekens, celui que les commentateurs appellent 'the Belgian Lawyer', nous a permis d’admirer en course la seule et magnifique Aston Martin DBR4 engagée, qu’il a mené à une honorable 14ème position, compte tenu de la qualité du plateau de ces Richmond & Gordon Trophies.
Le mot de la fin
Goodwood n’a une fois de plus pas usurpé sa réputation. Dans ce splendide environnement que sont les collines des South Downs, la qualité de l’organisation et du spectacle proposé, la richesse des plateaux, l’accessibilité des acteurs et la variété des thèmes et animations font du Revival ce qui se fait de mieux au monde dans ce domaine.
Mais laissons le mot de la fin à Roy Salvadori qui disait à l’époque : "Give me Goodwood on a summer’s day and you can forget the rest of the world."
Parole d’évangile, sous ce beau soleil de fin d’été. (Texte & Photos : Jean-Luc de Krahe & Christophe Gaascht pour Speed Action TV.be)