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GP Belgique : le reflet d'une société qui joue à se faire peur

Monoplace 30-08-2021


 

Sans la moindre surprise, vous êtes très nombreux à déverser une certaine haine, fruit de frustration mêlée de colère et de déception, sur la page Facebook de Speed Action TV.be après l’aimable plaisanterie qu’a constituée le Grand Prix de Belgique 2021. Vous avez été tout aussi nombreux à jeter un dimanche après-midi à la poubelle, attendant en vain de pouvoir profiter d’un spectacle grandeur nature, au cœur de la plus belle des régions. Qui plus est sur le plus beau circuit du monde.

 

Pensez donc : Francorchamps, la pluie, le duel à couteaux tirés entre Mercedes et Red Bull, Lewis Hamilton et Max Verstappen, l’affiche était on ne peut plus alléchante. En fait, elle était trop belle. En d’autres temps, les 75.000 fans dans les tribunes auraient vibré deux heures durant devant un show d’une incroyable dimension. Assistant sans doute à la naissance d’une nouvelle légende, qui aurait pu s’appeler George Russell. A la manière d’un certain Ayrton Senna sous les hallebardes principautaires ou lusitaniennes en d’autres temps, mais par une météo semblable.

 

Tout cela aurait pu être superbe, majestueux, époustouflant, dramatique peut-être… Hélas, braves gens, nous sommes en 2021. A une époque où les bonnes vieilles recettes de grand-mère n’ont plus que la saveur des délicieux souvenirs. Cela fait quelques années que les vieilles marmites ont été remisées au grenier ou à la cave. Désormais, ces recettes, on les veut high tech, dans l’air du temps. Traduction : sans saveur, sans sel – mauvais pour la santé ! -, sans goût.

 

Société de la peur 

 

Certains penseront sans doute que nous nous adonnons à de la philosophie à deux balles. Soit. Mais le point de vue de Speed Action est clair : la faillite du Grand Prix de Belgique 2021 n’a absolument rien d’étonnant. Mieux : elle était prévisible !

 

Dans quel monde vivons-nous désormais ? Depuis que des fous furieux ont eu l’idée de jeter des avions contre des tours, une frange de notre société a changé de mode de fonctionnement. Laquelle ? Les médias. Ce qui, dès l’instant où on accepte l’idée que ce site est un fournisseur d’information, peut faire sourire. Précisons dès lors notre pensée : les médias généralistes.

 

Depuis 2001, deux phénomènes ont marqué notre société au fer rouge : les attentats, en lien direct avec lesdits avions dans les tours, et bien sûr la toute récente crise sanitaire mondiale. Des phénomènes générant un seul et même sentiment : la peur.

 

Cette crainte, cette peur générée par ces phénomènes majeurs, les grands manitous des major l’ont parfaitement cernée. Ils ont compris que l’entretenir, la générer, pouvait rapporter gros. Et depuis, ils en jouent. Allègrement. Les chaînes d’info en continu ont fait leur apparition, permettant au grand public de suivre l’évolution d’un quelconque fait divers, même mineur ou tragique, minute par minute. Un peu comme si on enquillait les épisodes d’une série sur Netflix, qu’elle soit ou non consacrée à la F1.

 

Dans les cas précis des attentats et de la pandémie, ces médias généralistes occupent le terrain. Tout le temps. Et leur discours est rarement rassurant. Logique, puisqu’une personne qui pense qu’elle n’a plus rien à craindre va se désintéresser du sujet, et donc bouder les médias en question. Alors, le jeu consiste à en mettre et remettre des couches, afin d’entretenir la peur, et ainsi conserver l’attention du plus grand nombre. Plus pratique pour vendre de la pub et faire de l’argent.

 

Spa, ce géant…

 

Revenons-en à la Formule 1 et au Grand Prix de Belgique. Cas typique. Cas d’école, même. Francorchamps est considéré par la majeure partie des pilotes comme une piste de légende. Leur piste préférée. L’histoire déroulée sur un ruban d’asphalte de 7 kilomètres.

 

Le Raidillon, dont il a été – logiquement, une fois de plus – beaucoup question ce week-end est sans doute le virage qui génère le plus de commentaires au cours d’une saison. Le truc ultime, qui passe à fond absolu. Pour autant que tout se passe bien.

 

Le souci, c’est que parfois, ça ne se passe pas bien. Dans l’histoire de la F1 et du sport auto, les trucs qui ne sont pas passés à fond, il y en a des dizaines. Le risque fait partie de l’ADN de ce sport extrême. Fait ou faisait. Car désormais, la donne a changé.

 

2019, accident dramatique en Formule 2, décès d’Anthoine Hubert. 2021, crash peu après le départ des 24 Hours of Spa, avec le pilote d’essai Williams F1 Jack Aitken le plus sévèrement touché. 2021, crash collectif – il faudra d’ailleurs toujours qu’on nous explique pourquoi et comment… - lors de la séance libre de la W Series, dont le grand public ne connaissait même pas l’existence. Pas la moindre blessée grave, mais les images font florès. 2021, qualification du Grand Prix sous les hallebardes. Crash de Lando Norris dans le Raidillon. Pilote ok, mais les commentaires de Sebastian Vettel par radio, et les images de l’ex-Champion du Monde allemand s’immobilisant à hauteur de l’épave de la McLaren, sont de nature à faire causer.

 

La tension monte

 

Ce qui nous amène à ce dimanche 30 août. Pluvieux. Très pluvieux. 75.000 personnes dans les tribunes – d’un coup d’un seul, la crise sanitaire semble être loin… -, des millions de téléspectateurs qui attendent le grand rendez-vous. Francorchamps, la pluie, la magie. Aux manettes, une Direction de Course qui sait que dans le monde entier, les regards sont braqués sur Francorchamps. Qui sait que si la course part en sucette sous les hallebardes, les médias s’empareront du ‘bazar’ en quelques minutes à peine, devancés par des réseaux sociaux devenus la plaie de la société, caniveau du voyeurisme de bas étage.

 

De nombreux fans. Mais qui ne pèsent pas lourd face aux observateurs dont le seul intérêt est de tirer un quelconque profit – argent de la pub pour les médias généralistes, gloriole masturbatoire pour les quidams devenus les rois du pseudo et les nouveaux philosophes de la toile -, bref, une audience exceptionnelle. Car Spa inspire la peur. Et la peur fait tourner la société des médias.

 

Sans vouloir une nouvelle fois taper sur la RTBF, qui nous permet d’assister à d’innombrables courses durant l’année, un simple coup d’œil aux quelques reportages d’avant-course proposés ce dimanche permet d’y voir plus clair. En une demi-heure, on revoit les images d’une multitude de crashes, dont l’accident de Lando Norris et des filles de la W Series. On met le focus sur la sécurité en F1, histoire de pouvoir replacer le miracle de Romain Grosjean. On interviewe le toubib de la F1 au sujet des accidents. On élève en héros les dompteurs de ‘Medical Cars’, premiers sur les lieux en cas de souci majeur. Bref, tout tourne autour de la peur. Bien plus importante, prépondérante, aux yeux de certains, que le classement de la course.

 

Commence alors la longue attente. La Formule 1 est sous les feux de tous les projecteurs. Les caméras guettent les réactions des pilotes face aux conditions météorologiques. Les gros plans de l’eau sur la piste se multiplient. La tension monte. L’enjeu est très important.

 

Sauf que cet enjeu est une arme à double tranchant. Et que la F1 n’a pas nécessairement envie de monopoliser les médias du monde entier en cas de gros problème. Comme l’a souligné après coup Lewis Hamilton, il y a de l’argent en jeu. Beaucoup d’argent.

 

Abracadabra !

 

Alors, tel un mauvais magicien sortant une piètre boule de poils blancs de son chapeau, la F1 nous a proposé un scénario… à bon marché. Totalement nul, même, du moins du point de vue des fans. Deux petits tours derrière une Voiture de Sécurité, un ultime drapeau rouge, classement entériné, moitié des points distribuée, podium, vin pétillant, et basta. Merci d’être venus ! Bon retour à la maison. Et à une prochaine fois…

 

Ce dimanche, à Spa, la F1 a eu peur. Des courses disputées sous la drache, il y en a eu des dizaines, des centaines. Notamment à Spa. Elles ont généré des carambolages, de gros accidents, mais aussi des exploits, des dépassements de folie. Elles ont consacré les Senna, Schumacher et autres héros du volant. Elles ont forgé l’histoire.  

 

Mais ça, c’était avant. Avant cette société qui joue à se faire peur. Avant le règne des médias qui attisent cette peur au quotidien, qui parviennent à vous convaincre que le virus est là, juste à côté de nous, prêt à nous sauter dessus. Que la mort d’un obscur combattant au sud de l’Asie peut entraîner l’explosion d’une bombe artisanale dans l’appartement voisin.

 

Alors, les grands pontes de la F1 ont hésité. Ils n’ont eu cesse de repousser à plus tard la bonne décision. Le temps a passé, et en fin d’après-midi, sous des regards médusés, que ce soit en bord de piste ou devant les écrans, ils ont décidé qu’en ce dimanche 29 août, leur notoriété ne dépasserait pas cette non-course. Qu’il n’y aurait pas de possible nouveau crash dans ce Raidillon. Que l’eau ne serait pas rouge.

 

Dans les tribunes, les gens semblaient rester immobiles. Cois. Comme s’ils ne voulaient pas y croire. Suffoqués sans doute par le tour qu’on venait de leur jouer.

 

Dans les maisons, on a coupé le direct, mis fin à l’interminable attente… pour aller voir sur les réseaux sociaux ce qu’on en disait. Pour assister au lynchage en règle d’une Direction de Course. A la mise à mort d’un système.

 

Or, ce système, c’est juste notre monde. Ce que nous en avons fait. Ce que les médias en ont fait. Ce dimanche 29 août, à Francorchamps, la Formule 1 a eu peur d’avoir peur… (Vincent Franssen / Photo Fred Vautier)          



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