François Duval est ainsi fait. Il y a des choses chez lui qui ne changent pas. Et même s’il a connu une ascension fulgurante en rallye, même s’il est devenu très jeune pilote d’usine Ford puis Citroën, même s’il a gagné en Australie une manche du Championnat du Monde et a été élu, pour la quatrième fois l’an dernier, Pilote de l'Année du RACB, il a gardé certains rêves de ses débuts : devenir un jour champion du monde des rallyes, et piloter un jour une Toyota Corolla WRC !
S’il devra encore un peu patienter pour le premier et si réaliser les deux ensemble est devenu impossible, il pourra par contre concrétiser un de ses vieux rêves, ce week-end, à l’occasion du Rallye de Wallonie où il pilotera la Toyota Corolla WRC du Néerlandais Erik Wevers. "Je me souviens de mon premier rallye aux Ardennes il y a tout juste dix ans", raconte François qui défendra ce week-end les couleurs de Brussels Kart, Kizz Me (qui a changé de propriétaire, heureusement) et du… garage Toyota Duval. "J’avais remporté la manche du Challenge Citroën Saxo et terminé 6ème au général d’une course remportée par… la Corolla WRC de David Loix. C’était la grande époque de la Corolla avec Auriol, la meilleure WRC avant que Toyota ne se consacre à la F1. En tant que jeune débutant et représentant de la marque au garage familial où je travaille toujours aujourd’hui, c’était le rêve ultime. Avant Pieter Tsjoen, Patrick Snijers et Rocco Theunissen ont aussi roulé sur cette terrible auto en Belgique, tandis que moi je devais me contenter de la Celica de mon père car une Corolla WRC était impayable. Ce qui ne pas empêché de signer quelques scratches à Roulers."
Huit ans plus tard, François n’avait pas encore sorti son idée de la tête. "Lors du shake-down du Rallye d’Allemagne 2007 où j’ai mené la première journée de course avec la Xsara jaune, je partais derrière la Corolla de Wevers. Et je me souviens lui avoir dit que j’aimerais bien faire un rallye avec son auto. Je n’ai donc pas été trop surpris quand Philippe Goddé m’a téléphoné il y a trois semaines pour me proposer de disputer le Rallye de Wallonie avec la voiture d’Erik."
Un coup de téléphone à John Muth, l’équipier occasionnel de Patrick Snijers, Freddy Loix ou Marc Duez avec lequel François a déjà fini 2ème du Rallye de Wallonie 2007 aux commandes d’une Porsche, et le tour était joué. "On a même déjà roulé en WRC ensemble lors de tests de pneus en Xsara", précise le pilote de Cul-des-Sarts à l’égard du copilote ayant réuni en peu de temps le petit budget nécessaire pour se présenter ce vendredi au départ de la Citadelle avec le numéro #1 sur les portières. Un honneur logique que François n’apprécie guère. "Je n’aime pas porter le numéro 1. Surtout quand je ne pars pas favori. Patrick Snijers sur la Subaru et Pieter Tsjoen avec la Ford 2008 que j’ai encore pilotée l’an dernier en Mondial, ont du matériel nettement plus récent que le mien. Même la Corolla de Melissa Debackere est plus évoluée que la mienne, dépourvue de différentiels électroniques arrière. En fait, je préfère partir derrière pour voir les traces des autres. Et surtout pour avoir dès l’arrivée les chronos de mes rivaux. Cela m’énerve de ne pas savoir de suite si j’ai réalisé un bon temps..."
Pas de doute, même avec une "grand-mère" toujours vaillante, Duval ne sera pas à Jambes seulement pour amuser la galerie. "Wevers m’a dit que je n’avais aucune chance de gagner. Il loue et pilote aussi des Focus et des Fabia et m’a dit que les WRC modernes bénéficiaient de plus de couple. Mais, hormis la spéciale autoroute de Gesves, j’aime bien ce parcours qu’on a bien reconnu. Et je compte faire un max pour ne pas être largué. Apparemment il va faire sec, ce que je préfère. Un terrain humide et gras serait certes plus favorable à ma monture, mais au moins, avec le soleil, je pourrai plus attaquer. Et c’est plus sympa pour le public."
Et le rallye débutera par la spéciale Show de la Citadelle avec un tourniquet sur la terre avant une descente sur pavés. Un terrain apparemment propice à notre star mondiale… "Ce sera à celui qui ose descendre le plus vite dans le noir en faisant gaffe aux grandes bordures. Je vais mettre les gaz en faisant attention tout de même car il serait dommage de rentrer à la maison dès vendredi soir !"
Cet après-midi, Duval a déjà fortement impressionné les quelques spectateurs et son équipier en réalisant des passages de folie lors d’un mini shakedown organisé sur la commune de Gooik, en banlieue bruxelloise. Depuis l’époque de Didier Auriol, on n’avait plus vu une Corolla WRC voler comme cela. "Je suis content, la voiture est très facile à piloter et je me suis senti vite à l’aise", s’est exclamé François après une dizaine de kilomètres seulement. "Il ne faut rien changer. Je crains juste que la boîte soit un peu courte, mais bon, on fera avec…" (Com & Vincent Franssen)