C'est assurément le roman-fleuve de cette intersaison aussi pourrie que sa météo. La saga du circuit national. Une comédie tellement ratée qu'elle ne fait plus rire personne. Et surtout pas le Royal Automobile Club of Belgium, qui tente de sauver ce qui peut l'être à coups d'avocats et de procès. But du jeu : mettre SpeedWorld hors d'état d'opérer (de nuire ?), afin de nominer Kronos en qualité de nouveau promoteur et organisateur des compétitions Sprint et Endurance, sans oublier la Fun Cup, pour laquelle la situation est encore plus délicate.
Alors, dans les cordes, SpeedWorld ? Pas tout à fait. Ce vendredi soir, Hans Van de Ven en a remis une 'petite grosse' couche au travers d'un communiqué destiné à répondre à celui du RACB, plus tôt dans la semaine. Pour faire bref, Philippe Lemoine, propriétaire de SpeedWorld, avait formé une nouvelle équipe, sans l'habituel G.O. Christian Lahaye, afin de donner un nouvel élan aux compétitions nationales en circuit. "Mais à la suite de la décision unilatérale et contestable prise par le RACB le 6 février dernier, le projet a dû être stoppé et l'organisation de l'année 2012 mise en péril, explique le porte-parole de SpeedWorld. Une situation assez surréaliste...qui résulte d'un 'jeu politique' empreint d'animosité interpersonnelle, avec pour conséquences des dommages collatéraux désastreux, touchant non seulement les écuries ayant acheté des voitures et ayant investi dans des infrastructures, mais aussi les pilotes, et enfin, le public..." Une déclaration qui n'engage naturellement que ses auteurs.
En référé
Et comme on pouvait s'y attendre, SpeedWorld ne va pas en rester là, sans rien faire. C'est assez mal connaître les membres de son 'team'... "Soucieux des écuries, des pilotes, et en raison des enjeux liés aux courses automobiles, nous avons décidé de saisir la justice via une procédure en référé, de manière à ce qu'une décision puisse être rendue dans les délais les plus rapides, et que la saison 2012 puisse être organisée." Entendez organisée par SpeedWorld, bien sûr, ce qui constituerait un sacré bazar... Car des championnats nationaux mis sur pied par une société que ne reconnaît pas (plus) la fédération, ce serait une première...
Et le communiqué de se poursuivre par un retentissant "Une telle procédure va nous permettre de présenter nos arguments, ainsi que les faits dans un environnement objectif. Nous espérons vivement que le sport automobile belge puisse de nouveau être au centre des préoccupations au-delà des querelles de personnes, et que les batailles aient lieu uniquement... sur la piste !"
Fort de café
Que penser de tout cela ? Que SpeedWorld a tout à fait le droit de défendre son image et son gagne-pain, mais si cette société n'avait pas été caractérisée par une gestion s'apparentant à un jeu qui consistait à soutirer le maximum d'argent à Philippe Lemoine avant que celui-ci ne s'en aperçoive, on n'en serait peut-être pas là. Car autant ne pas s'y tromper, toutes les personnes ayant eu des responsabilités au sein de SpeedWorld en ont allègrement profité pour se remplir les poches... alors que les fournisseurs n'étaient pas payés, ou très tardivement.
Bref, si SpeedAction TV.be tient à conserver sa neutralité dans ce dossier très délicat, en donnant la parole à tous les acteurs, on ne peut que regretter cette partie de combat naval à rallonge qui compromet clairement la bonne organisation des championnats nationaux.
En effet, en admettant que la justice donne raison à SpeedWorld, qui a encore réellement envie d'inverstir dans des compétitions gérées par des virtuoses et experts de la... mauvaise gestion interne ? Pas grand-monde. Quant aux circuits, auxquels SpeedWorld doit toujours beaucoup d'argent, pas sûr qu'ils accueilleraient les sbires de Lemoine avec chaleur et enthousiasme... (Vincent Franssen)