Il y a des jours comme ça... A peine le soleil levé, la tristesse s'abat. Glaciale. La nuit dernière, une sacrée bonne femme s'en est allée sur la pointe des pieds. Pour des raisons que tout le monde ne comprendra sans doute pas, je l'appelle 'la patronne'. Graziella Sablone. Que de très nombreuses personnes connaissent en tant qu'épouse de Christian Jupsin. Partie cent fois, mille fois trop tôt, parce que même ce crabe de merde l'a trouvée à son goût. Elle a lutté, elle a perdu. Comme tant d'autres. Comment ne pas partager le sentiment de révolte de son homme quand on sait qu'après avoir veillé aux siens, après avoir enjolivé les nids douillets d'un tas de gens en sa qualité d'architecte d'intérieur, elle était prête à pleinement profiter des années qui s'annoncent. Grazzi, c'était l'Italie au quotidien, et l'Italie, c'est là où elle aspirait à souffler, à prendre du plaisir...
'La patronne', c'était un sacré bout de femme ! Haute comme trois pommes, mais du caractère à revendre ! Toujours prête à pousser une gueulante, à jurer un bon coup, mais aussi à boire le coup, à manger le bout, et à bien faire comprendre que même sans le dire, elle vous adoubait. Le genre de personne qui occupait tout l'espace, qui tenait tellement de choses en place. Qui poignait dans tout, tout le temps... En riant, en râlant, en gueulant. Grazzi, quoi...
Il a fallu de longues heures pour coucher ces quelques lignes. Rédigées un verre de vin à la main, afin de lui rendre hommage. Désolé, 'patronne', mais perso, c'est plutôt du français que de l'italien. Certains m'en voudront, c'est sûr, mais qu'importe...
Quelques semaines à peine après Arlette, c'est donc Graziella qui s'en va...
Mesdames, vous n'étiez ni pilotes, ni ingénieurs, ni managers... Vous étiez simplement là auprès de vos chéris. Et ça, c'est énorme. Votre silence est assourdissant, car en sport auto comme dans d'autres disciplines ou secteurs, vous étiez tellement plus que 'les femmes de...". Vous faisiez partie de l'histoire, et cette histoire, sans vous, elle n'a plus la même saveur...
A Christian, à tous les autres, ce vendredi soir, je lève mon verre. Vive 'la patronne' ! Qui va manquer à en crever...
Graziella Sablone, Grazzi, te croiser fut un plaisir. Et je ne suis pas le seul à avoir souhaité que ce plaisir se prolonge 'sine die'. Histoire de te voir et t'entendre rire, râler ou t'énerver sur 'ce pc de merde' qui t'en faisait parfois voir de toutes les couleurs. Et qui se demande d'ailleurs ce qui lui arrive aujourd'hui... Il y a des jours comme ça...
Vincent