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C’est quand qu’on va où ? L’avis de Patrick Van Billoen

Divers 03-03-2021


 

Il a beaucoup été question de rallye depuis le lancement de notre rubrique ‘C’est quand qu’on va où ?’. Rien d’étonnant quand on sait que cette discipline est – a priori - davantage malmenée et menacée que les compétitions sur circuit, comme le démontre le nombre toujours plus important d’annulations et de reports depuis de trop nombreux mois. Sur piste, la tendance va vers une reprise des activités, très certainement à huis clos, dès la fin de ce mois de mars. L’occasion de faire le point avec Patrick Van Billoen, porte-parole de la Hundred Series by BGDC. Ceux qui connaissent le personnage savent qu’il est en permanence en mode réflexion, ce qui permet de bénéficier d’un avis autorisé…

 

Une chose est d’ores et déjà claire : ces dernières années, le sport auto sur circuit n’a pas évolué dans le sens d’une plus grande simplicité. "J’ai été intelligemment dévié de ma route pépère d’adepte du karting indoor par un patron d’écurie qui se reconnaitra, ce qui m’a valu de me retrouver de l’autre côté de la Force à participer au jeu des petites organisations, entame Patrick Van Billoen. Et je le dis tout de go : il faut avoir les nerfs solides pour affronter les embuches à tous les niveaux. Ce brol de grippe suraiguë n’a en rien arrangé des bidons déjà assez complexes comme ça. Depuis 20 ans que je participe à ces sports, je ne peux que constater que tout devient toujours plus compliqué et très onéreux. Avant, tu arrivais et tu roulais ! Maintenant, il faut un masque – pas un luxembourgeois, hein ! – et 500 autres formalités les plus variées avant d’envisager ouvrir la portière de l’auto. Mais on s’adapte, car au bout du compte, ce sport permet de s’évader un peu…"

 

L’univers du chacun-pour-soi

 

Souvent pointé du doigt, le sport automobile ne s’apprête pas à vivre les temps les plus glorieux, et encore moins faciles, de son histoire. "En plus, une certaine frange politique diabolise de plus en plus nos sports mécaniques, poursuit l’homme-orchestre de la Hundred Series. He bien si, à l’avenir, on devra continuer à se déplacer, et donc à manipuler des engins motorisés ! N’en déplaise à certains mus par un dogmatisme crasse !"

 

Comme d’autres, Van Billoen en appelle à un secteur du sport auto qui se serre les coudes et qui agit de manière unie… "Une autre réalité qui m’a frappé en débarquant dans le petit monde du sport auto, c’est le chacun-pour-soi ayant cours dans ce milieu pourtant assez petit ! Je trouve qu’on devrait davantage se ‘fédérer’ au lieu de s’éparpiller, à l’image de notre incroyable lasagne constitutionnelle/institutionnelle. Le nord et le sud du pays – n’oublions pas le centre ! - ont besoin l’un de l’autre pour défendre nos disciplines. En outre, nos trois fédérations ne se complètent que peu, alors qu’il y a des cerveaux de très bonne qualité dans ces trois entités. Ces fédérations devraient nettement collaborer, sans a priori, et apprendre à se partager de manière plus efficace, en fonction de leurs spécialités, la gestion de nos ‘chers’ loisirs mécaniques. Il y a donc du travail pour tout le monde, et ça pourrait permettre l’accès au sport auto à une plus grande palette de sportifs en herbe, plutôt que les chamailleries consistant à tirer la couverture de la manière la plus opportune."

 

Onéreuse escalade

 

Et Patrick Van Billoen d’aller plus loin dans son raisonnement, en englobant le rôle de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA). "Je pose une question : est-ce que l’escalade de sur-réglementations apporte à quel niveau que ce soit quelque-chose à la valeur des sports que nous pratiquons, encadrons et gérons ? Dans beaucoup de cas, est-ce que les normes en vigueur existantes doivent réellement être doublées d’agréments complémentaires labellisés ? Ce qui, évidemment, en augmente le coût. Ne convient-il pas plutôt de moderniser et simplifier certaines règles, afin de rendre plus accessibles ces loisirs mécanisés ? Que fait donc la FIA pour faire en sorte que nos instances puissent organiser autre chose que la Formule 1 ?"

 

Parmi les thèmes qui font florès ces dernières années, il y a la gouvernance. Et le débat peut bien sûr aussi s’appliquer au sport automobile. "Ne faut-il pas créer des filières de formation pour remplacer les ‘anciens’, quasiment obligés de rester en place par manque de succession, ce à tous les échelons de nos sports et fédérations ? N’est-il pas urgent de ‘démocratiser’ des structures pour rendre l’accès aux commandes plus simple et plus transparent ? Prenez simplement le système de gestion en institutions régionalisées, qui affiche très vite ses limites. Il y a quasiment autant de règles différentes que de lieux où pratiquer le sport. Résultat : les organisateurs doivent s’armer de marges de manœuvre – entendez par là de marges financières – pour se prévenir de revers de toutes sortes. Du coup : les prix s’envolent !"

 

Quatre fois plus cher en 20 ans !

 

Et Patrick Van Billoen de parler chiffres… "Appelons un chat un chat et parlons de l’accès aux pistes pour les sportifs. En 2000, il fallait 13.500 francs belges pour engager une auto à une épreuve de 4 heures disputée à Spa-Francorchamps et régulièrement inscrite au calendrier. Il était possible de le faire avec une licence d’un an obtenue pour moins de 1500 francs. Aujourd’hui, sous les 1500… euros, ça devient très compliqué de trouver une telle possibilité. Ca fait tout de même 4 fois le prix, et on ne parle ici que du droit d’engagement ! Car bien évidemment, tout a augmenté à l’avenant ! Un nouveau pilote qui veut accéder aux courses sur circuit doit faire preuve de beaucoup de débrouillardise avant de poser une première fois ses roues sur un circuit. En fait, seule une formule de promotion permet à des jeunes d’encore réaliser ce rêve sans ruiner… papa ! Plusieurs de nos infrastructures sont subsidiées par de l’argent public… Il faut que ça bénéficie un peu aux pratiquants belges aussi, non ?"

 

Bref, il y a matière à ne plus tergiverser et à monter les rapports… "Je pense qu’il faut appeler toutes les forces existantes en place à s’ouvrir, se supporter, se conforter, et exhorter les candidats à se manifester pour renforcer celles-ci et assurer un avenir aux fantastiques sports mécaniques que nous adorons. Les tracasseries du moment ne font que souligner l’urgence d’améliorer le système…"

Ainsi soit dit. (Vincent Franssen / Photo : Letihon.be)               



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