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C'est quand qu'on va où ? L'avis de Marc Duez

Divers 19-02-2021


 

Suite de notre chronique visant à faire le point sur la situation du sport automobile en ces temps perturbés. Dans la foulée du ‘grand sage’ Jacques Ravet, notre choix s’est porté sur Marc Duez. Qui est et reste l’un des meilleurs porte-paroles de ce sport automobile dont il connait tous les arcanes. Un Marc Duez qui n’a jamais eu sa langue en poche. Et rassurez-vous, rien n’a changé…

 

"Oui, je suis inquiet pour l’avenir du sport auto, avoue notre ‘Ardennais Volant’. Il faut garder les pieds sur terre et tout mettre en œuvre pour défendre notre passion face à des personnes qui vont clairement profiter de la situation actuelle pour en remettre une couche. On a donc plus que jamais besoin des politiciens qui ont affiché leur intérêt pour la chose, des personnes bien placées, des industriels, des partenaires. Bref, de tout le monde ! Au cours de l’histoire, le sport automobile s’est adapté à toutes les situations. A l’instar des indépendants, qui font toujours preuve d’inventivité pour se sortir d’une situation peu confortable, nos responsables doivent tout mettre en œuvre pour trouver des solutions. Ce qui signifie qu’aux postes clefs, on doit pouvoir compter sur des gens vraiment motivés, passionnés ! Qu’on se le dise, par rapport à bien d’autres sports, le nôtre mérite du respect…"

 

Inquiétudes

 

Sans surprise, c’est l’avenir des épreuves routières, nos chers rallyes, qui inquiète le plus Marc Duez… "Il y a une telle pression sur les bourgmestres aujourd’hui que pour plein de raisons, certains préfèrent rester sous la couette et ne plus faire l’effort de faire plaisir aux organisateurs et promoteurs. Et forcément, dès qu’un politicien décide de ne plus décider et de ne plus accorder d’autorisations, cela fait tache d’huile. Une fois encore, certains vont profiter de la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. Il faut donc plus que jamais se serrer les coudes. Il faut que la fédération internationale et toutes les autres fédérations se mobilisent pour protéger le sport auto contre les attaques en règle de certains. Je me répète, le sport auto peut s’adapter, il va s’adapter, mais il faut avant tout qu’on le respecte…"

 

L’une des solutions est de tout faire pour séduire des jeunes… qui n’ont plus vraiment d’attirance pour la chose sportive automobile. "Nous sommes entrés dans une ère sédentaire, poursuit Marc Duez. Il faut que les jeunes retrouvent l’envie d’aller rouler en forêt, comme nous l’avons fait par le passé. Mais que faire face à l’augmentation galopante des couts pour pratiquer le sport auto ? Aujourd’hui, il y a trop de catégories, trop de contraintes, les voitures coutent toujours plus cher, tout comme leur exploitation. Difficile d’encourager les jeunes dans ces conditions… Et puis, la société a changé. Avant, à 18 ans, tu filais à l’auto-école pour avoir ton permis. Maintenant, certains attendent 27 ou 28 ans, quand ils en ont terminé avec les études, pour le passer, se rendant soudainement compte qu’ils ont besoin d’une auto. Jusque-là, ils préféraient prendre le bus ou se déplacer avec leurs copains. Il faut dire qu’à force de taper sur l’automobile, de la diaboliser, on a réussi à faire en sorte que plein de gens s’en détournent… Les jeunes d’aujourd’hui, c’est canapé, Coca, milkshake et console. Ils sont tellement à côté de la plaque ! Il faut qu’ils bougent, absolument !"

 

Vert, je désespère…

 

Là se situe, selon Marc Duez – un avis que nous partageons largement – l’un des problèmes majeurs. L’image de l’automobile est telle aujourd’hui que les répercussions néfastes sur le sport auto sont inévitables. "Celui qui roule à plus de 120 sur autoroute ou à plus de 90 sur une nationale plus large que les pistes de Bierset passe pour un criminel. Je ne veux pas jouer au vieux nostalgique, mais dans le temps, on reconnaissait les rallyes avec des mulets. Et quand on arrivait dans les villages, les gens nous faisaient signe, ils étaient contents de nous voir. Dans les années ’80 et ’90, les mulets ont disparu, et on a reconnu avec des voitures de route. Résultat : les mères rentraient leurs gosses quand elles nous voyaient arriver. Même si on roulait lentement. Faites donc aujourd’hui le tour d’un rond-point au frein à main, vous passerez pour un dangereux criminel ! Avant, il y avait toujours quelqu’un qui sortait de sa maison pour applaudir… Voilà où on en est ! Maintenant, tout doit être clean, et la liberté est malmenée. Essayez donc de passer une Citroën C2 ou une MG B au contrôle technique. C’est la misère assurée ! Car ce n’est pas dans la norme. Pour en revenir au sport automobile, les news quotidiennes en lien avec la crise que nous traversons font oublier notre passion. D’autant que les épreuves n’ont plus lieu. La priorité est ailleurs…"

 

Et Marc Duez de pointer du doigt les écolos, fossoyeurs de l’automobile au sens large… "Ils sont ce qu’ils sont, on les a mis là où ils sont, mais au fil du temps, on s’aperçoit que là où ils passent, ils font toujours du mal. Ils ont bien évidemment le droit d’exister, mais qu’on les mette donc à des postes qui cadrent avec leurs convictions. Pas à la mobilité ! Ils ne sont tout simplement pas crédibles à ce niveau, et ils font beaucoup de dégâts. Ils votent des lois, et il faut plusieurs années pour détricoter ce qu’ils ont pondu. Appelons un chat un chat, aujourd’hui, l’automobile n’est plus promotionnée, elle est fustigée, diabolisée. Des trucs comme VIAS, qui se bardent d’appellations pompeuses, ne devraient pas exister, car c’est un festival d’incompétence. Plutôt que de faire la promotion de la bagnole tout en la faisant rimer avec sécurité, ils optent de manière systématique pour la répression ! On vous dit que 30 km/h partout, c’est top ! Et le peuple suit comme un mouton. Nous vivons une génération de limitations en tout genre, et ça, ça fait mal à l’automobile. Pourtant, les constructeurs ont fait des progrès de fous au cours des dernières décennies. La bagnole devrait avoir tout pour plaire, mais elle est constamment montrée du doigt. Les centres de maitrise devraient tourner à plein rendement, mais ce n’est pas le cas. Et quand deux flocons de neige tombent, c’est le bordel ! Un paquet de gens se retrouvent à 2 km/h avec leurs pneus été. Il faut former de bons conducteurs, plutôt que de taper en permanence sur la bagnole !"

 

Populaire !

 

Et le Duuuz de conclure sur une note plus positive… "Ce qui peut aider le sport auto à court terme, c’est que les gens en ont marre de ce qui se passe ! Economie, culture, sport, seule l’élite a le droit de pratiquer, le reste doit se taire, personne ne peut plus ‘jouer’. Et ça, ça pourrait avoir des conséquences inattendues… Le sport auto pourra une nouvelle fois s’adapter si les personnes qui le dirigent décident de préserver les acquis, et pas d’avancer avec le vent. Car le risque, c’est qu’un jour, comme en Allemagne actuellement, on se dise : on n’a plus besoin du rallye ! On parle pourtant du marché automobile par excellence en Europe. Mais voilà où on en est. A méditer… Ah oui, un dernier truc : le sport auto en général, et le rallye en particulier, restent populaires. Très populaires. Et chacun dans ce milieu joue le jeu. Une fois qu’une épreuve est terminée, la zone qui a servi de parc d’assistance est toujours nickel. Les acteurs du sport auto savent que leur édifice est fragile, et ils font preuve de responsabilité. Mais ils ont besoin d’aide. De soutien. A force de foutre des baffes dans la gueule du sport auto, il finira par avoir du mal à se relever. Il est donc urgent de ne plus attendre…"

 

Un Marc Duez égal à lui-même, prêt à se battre, encore et toujours, pour faire comprendre que la course automobile est une activité comme une autre, qu’il importe avant tout de la respecter. De tenter de la comprendre. Puis de la défendre… (Vincent Franssen / Photo Letihon.be)



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